La vie c'est comme du beurre noisette*

Durant ma pause de midi (je travaille le dimanche mais je ferme le magasin de 13 à 16h), j'ai fait des Financiers. L'une des étapes essentielles mais néanmoins difficile de la recette est le concoctage du beurre noisette. Pour information, ce beurre s'obtient en faisant chauffer du beurre dans une petite casserole (de préférence en cuivre, mais même moi je n'en dispose pas). Au début, il fond, puis il chauffe, après il bout et enfin il brunit. le beurre noisette est en fait l'état obtenu entre la troisième et la quatrième étape : quand il s'arrête de bouillir, et juste avant qu'il ne devienne brun, le beurre dégage une odeur de noisette grillée tout à fait suprenante, puisqu'il n'y a a priori aucune similitude entre du beurre et des noisettes. Il faut donc surveiller attentivement son beurre pour ne pas rater cet ingrédient important dans la fabrication du Financier.

Et, je me disais que finalement, la vie, c'est un peu comme ce beurre que l'on fait cuire : il commence par prendre la forme du moule, en fondant dans cet univers, puis il bout, et après il est brun et bon à jeter. Faut juste savoir rester sur ce fil du rasoir, cette étape ou l'on sent bon la noisette grillée. Je ne parle pas en terme temporel ni en pensant à l'aspect purement physique de notre existence, mais plus à notre état psychique, intellectuel. Car, finalement, c'est bien cela qui compte.

*J'ai parfaitement consience que ce titre a un caractère racoleur affirmé. Mais, d'une part, c'est une allusion musicale qui, toute embrumée qu'elle fût, me fit rire lorsque j'y pensais durant l'épisode que je relate supra, et, d'autre part, nous sommes tous là pour être lu, et il faut bien se démarquer de l'abondante production que l'on trouve ici. Est-ce un but en soi d'être lu ? Le nier serait de la pure hypocrisie : on n'écrit pas sur Internet juste pour son propre plaisir. Au pire on lance une bouteille à la mer, au mieux on partage sa vie avec ceux que l'on connaît, entre les deux on se raconte plus ou moins à des plus ou moins inconnus. Mais le moindre des apports bénéfiques du blog, c'est bien réconcilier les gens avec l'écrit, même si le cliquetis des claviers est loin de remplacer le bruissement de la plume sur un velin.