Avertissement au lecteur : Raf a trop à faire - nouvelle (et première !) maison à aménager, nouveau (et troisième !!!) bébé à biberonner/changer/baigner/bercer/cajoler - pour scanner en rythme la suite de ses carnets emplis de dessins. Pour lui donner le temps de reprendre son souffle et pour que Nol ne perde pas le sien, durant ce qui reste d'été, STRIPTRIPS propose une Histoire d'Aristote Coltrane, sur des dessins déjà striptripés ; en format hors-série donc. EPISODE UN
****B.O.S.T.
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L'appel de JR, un vieil ami de lycée, fait sonner le téléphone fixe d'Aristone, la trentaine. Aristote Coltrane n'est ni noir américain ni encore moins jazzman pas plus qu'il n'est grec ou philosophe. Si son père est bien né aux Etats-Unis, d'un père épicier lui-même originaire d'Irlande et d'une mère picarde qui ne faisait rien, il est venu en France y rencontrer sa mère, thésarde en philosophie et par ailleurs franchement auvergnate. D'origine lointainement irlandaise pour la galerie, Aristote, français, a par contre une tripotée d'oncles d'Amérique. "Salut Ari, c'est JR. J'appelais comme ça, rien de nouveau à raconter. Je me demandais quand tu reviens nous voir. Et hier j'ai croisé Sarah en faisant des courses, figure toi qu'elle est enceinte. Bon on se rappelle plus tard. Ciao-bye-bises." Aristote est chez lui mais il dort encore, l'appel de JR (si Ari vaut pour Aristote, JR vaut pour Jean-René, passons sur l'origine du patronyme si vous le voulez bien) se trouve commuté sur le répondeur et, Aristote ne supportant pas sa voix sur la cassette qui accueille l'importun, le son est coupé. Nous en savons à cet instant plus que lui, qui dort d'un sommeil profond depuis 4 heures du matin, heure à laquelle il se couche depuis qu'il ne travaille plus. Et s'il ne travaille plus, ce n'est pas en hommage à sa grand-mère mais parce qu'il a perdu l'envie de trouver un emploi depuis que Jeanne, son amie, en a trouvé un. Ils habitent un appartement dont le loyer très faible est compensé par une habitabilité contrariée, notamment par une insalubrité assumée. Ce petit loyer leur permet toutefois de profiter du 6ème arrondissement de Paris où ils passent plus de temps dehors que dedans. Couché tard, Aristote dort quand Jeanne se lève pour aller travailler et si la radio qui la réveille, pas plus que le café qui monte dans la cafetière italienne, la chasse d'eau, les bruits de salle de bains ou la porte qui claque ne lui font bouger un sourcil, le chat a une méthode infaillible. Il faut dire que c'est un très gros chat. Sa fourrure d'une couleur indéfinissable entre le noir et le bleu métallisé est très dense et augmente encore son volume pourtant déjà hors-normes. Il se réveille avec Jeanne, à 7 heures, et nul ne sait ce qu'ils fricotent tous les deux quand Aristote dort. Quand midi sonne, il en a marre d'être seul et se dirige vers le lit conjugal. Contredit par son embonpoint, son pas est souplesse et légèreté, espièglerie même. Il se contente d'abord de miauler. Puis, dans un crescendo stravinskien, il saute sur le piano, du côté des aigus... Il marche lentement sur le clavier, remontant vers le grave où il s'allonge, puis se relève... Plusieurs fois. Alors il saute sur le plancher, son poids faisant vibrer le bois moulu, et s'en va gratter les cordes d'une grosse guitare qui en compte douze. Enfin, il grimpe au bas du lit et remonte le cours d'Aristote. Là, reprenant les rôles d'un Boeing B-17 Flying Fortress et d'un chapelet de bombes incendiaires, il saute à plusieurs reprises sur le visage d'Aristote qui ferait un prix d'interprétation masculine crédible, au festival de Cannes par exemple, dans le rôle de Dresde en février 45. Trêve de "Je tiens à remercier ma mère et mon père et surtout mon chat sans qui bla bla bla...", Aristote finit par se réveiller.
****B.O.S.T. :Dessins
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