Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Tu m'étonnes. Moi qui pensais vivre un lundi matin comme les autres, à savoir du boulot par dessus la casquette et le tout évidement, à faire dans l'urgence, je dois avouer que je ne m'attendais pas à une matinée comme celle-là. Complètement surréaliste.
Ca a commencé quand je me trouvais dans la salle d'ordinateur, à taper quelques rapports, quand soudain je vois un gars avec un casque argenté passer devant la fenêtre juste devant mon nez. Mais qu'est-ce qu'il fout dans le jardin lui ? Attends, mais c'est un pompier ! Saperlipopette, il y a le feu ! Mais où ?? Ni une ni deux, je sors de cette pièce, et me dirige vers l'accueil pour pêcher des infos. Ca sentait grave la fumée. Je vois ma collègue dans le jardin, un des boss avec elle. Visiblement, c'est le bâtiment d'à côté dans lequel ça crâme. J'ai su plus tard que c'était le jardin, non pas le bâtiment d'à-côté, qui avait brûlé. L'opération a duré un moment et ça a senti le pain grillé dans toutes les pièces pendant quelques heures.
Là-dessus, mes deux collègues de l'accueil sont appelées à faire une réunion et on vient me chercher pour gérer l'accueil en attendant. Seule. Un lundi matin. Je m'installe tranquillement, sers quelques patients, quand deux nanas entrent en même temps. L'une d'elle se met à insulter l'autre. Je me dis qu'elles doivent se connaître et qu'elles se prennent la tête. Et bien non, elles ne se connaissaient pas mais comme l'une avait fermé la porte au nez de l'autre, et que cette dernière lui en avait fait la réflexion, la première s'est alors mise à rudement s'exciter et lui sortir tout un tas de noms d'oiseaux. Et vas-y que je te balance des "connasse, fait pas chier", des "arrête de m'énerver, vas te faire foutre", "mais oui c'est ça ta gueule" devant mon visage décrépi. Grand moment de solitude. Je me dis qu'elles vont se calmer, entre adultes et entre femmes, y a moyen de rester zen. Penses-tu ! L'autre s'approchant dangereusement de la première se met à se défendre: "vous me parlez sur un autre ton, vous ne me connaissez pas, un peu de respect," et patati et patata.
Han la la c'est pas vrai qu'elles vont se mettre à se taper dessus, que je me dis à moi-même, tout en me disant que non, c'était pas possible.
Et bien si. Elles ont commencé à se fritter comme des chiffonnières, à coup de claques en pleine face, ça allait se terminer en combat de boue (que je serais allée chercher dans le jardin tu penses) si une collègue infirmière n'était pas intervenue pour les séparer. Et vas-y comme ça braillait là-dedans, et moi qui restait minuscule derrière le comptoir, j'assistais à la scène complètement hallucinée. Un homme a tout de même décidé de se lever une fois ma collègue entre les deux. Quel acte de bravoure d'ailleurs au passage. Visiblement c'était le mari de "l'agressée", et il était mort de rire ce con. Voir sa femme se crêper le chignon avec une autre ça le faisait marrer ! Moi je te lui aurais mis un kick dans le genou, uppercut et on en parlait plus, mais bon bref.
Elles ont fini par se calmer, enfin la première tout du moins, qui allait remettre ses coups de gueule sur le tapis si je ne lui avais pas dit "bon maintenant ça suffit, donnez moi votre carte vitale". Je saigne là ? qu'elle me demande. Je lui dis bof ... naaan. Mais elle saignait un peu, genre quand tu t'arraches une peau de lèvre avec tes dents. En gros elle s'était pris un bon retour dans le beignet quand même.
Vint le tour de la seconde à mon guichet. Elle était sonnée. Moi comme une buse je lui demande si ça va. Non qu'elle me répond, c'est la première fois que je me prends une claque par une parfaite inconnue. Vous avez déjà vécu ça vous ? qu'elle me demande. Evidement, vu sous cet ange, c'est sûr ... Je décide donc de fermer ma g... de me taire et de faire son dossier. "Je compte sur vous pour me donner son nom, je vais porter plainte" qu'elle finit par me dire. Ah bah là Mikeline ça ne va pas être possible hein, c'est pas le 118 008 ici. "Asseyez-vous" que je lui réponds.
Tout de même c'est affligent d'en arriver là pour une histoire de porte. Les gens pètent vraiment les plombs pour rien. J'ai été déçue qu'elles aient été séparées si vite, ça aurait pu être drôle. Je déconne évidement t'énerves pas ! Mais quand même, c'est triste. Je n'avais jamais eu l'occasion d'assister à un women fight et en définitive c'est bien vrai: les femmes ne savent pas se battre.
Faites comme Mémé les filles, entraînez-vous bordel !!