Plaine blanche

Publié le 25 février 2008 par Stella

Il y a quelques années, je participais régulièrement à des jeux littéraires : écriture sous contrainte, thèmes imposés etc. Brusquement m’est revenue l’envie de rejouer l’exercice. Le thème des Impromptus littéraires de cette semaine est : le spectre des couleurs. Le mot “spectre” doit figurer dans le texte, ainsi que trois couleurs au minimum. Voici ma version, intitulée, bien sûr, Plaine blanche.

« Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.

Pour la première fois l’aigle baissait la tête.

Sombres jours ! l’empereur revenait lentement,

Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.

Il neigeait. L’âpre hiver fondait en avalanche.

Après la plaine blanche une autre plaine blanche. »

 Dans cet immense poème au titre douloureux, Victor Hugo évoque le terrible souvenir d’une armée de spectres livrés aux tourments d’un hiver sans fin.

C’était la mort d’un rêve, le triste défilé des espoirs déçus, des illusions perdues.

Napoléon était un monstre, disent certains. Peut-être ont-ils raison.

Le sort de ses grognards qui furent, un jour, brûlés au soleil de l’Egypte n’en est pas moins tragique.

On les voit marchant dans un désert de glace, rêvant aux plaines vertes de leur patrie lointaine.

On les imagine, frileusement serrés, tendant leurs doigts gourds vers des braises à peine rouges, n’ayant pour horizon que le gris des nuages et pour seule destinée que le noir de la terre.