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Alex Vizorek - Interview

Publié le 18 octobre 2011 par Naira
Alex Vizorek - Interview
J’ai lu dans le programme de votre spectacle que vous aviez eu peur de vous lancer dans la comédie dès vos 18 ans mais… Comment en êtes-vous arrivé à choisir Solvay à la place, exactement ?
Disons que à 18 ans, j’étais quand même assez gamin, comme les garçons le sont d’ailleurs à 18 ans – les filles savent parfois plus ce qu’elles veulent – et donc, je m’étais dit que j’allais choisir un truc compliqué, comme ça, si je ratais, c’était normal puisque c’était l’Unif et je choisirais un truc moins compliqué… C’est difficile de faire dans l’autre sens. Donc les trucs compliqués, ce sont Médecine, Solvay, Droit et Polytech. Polytech, trop de chiffres ; Droit, trop de lettres ; Médecine, il faut une vocation donc Solvay, un peu par défaut. Et très vite, j’avais envie de revenir dans tout ce qui est com’, images et tout ça, donc quand j’ai fini mes candi, j’ai été en journalisme. J’ai cumulé les deux, je réussissais une année et demie par an, j’avais toujours une seconde sess’… Ce sont des supers années que je ne regrette pas. À ce moment-là, ça m’était un peu sorti de la tête, enfin, jamais vraiment sorti mais, je ne savais pas ce que j’allais faire en fait…
Quand j’ai fini mes études, ma mère m’a dit : « t’as pas très envie d’être banquier ou journaliste, est-ce que t’as oublié le théâtre ? » et j’ai répondu : « non mais est-ce que tu vas m’aider ? » et comme je n’avais jamais raté, elle m’a soutenu et j’ai été à Paris. C’était spécial car tous mes copains « solvaysiens » commençaient à bosser alors que moi je devais gérer mon budget, assez serré.
Puis à Florent, en dernière année, j’ai rencontré Stéphanie Bataille qui donnait cours de One Man Show. Je sentais bien qu’en tant que comédien, j’étais ni meilleur ni moins bon que les autres, j’étais toujours dans les moyens et malheureusement, dans ce métier, c’est dur d’être moyen. J’ai compris au cours de One Man Show que la plus-value viendrait de l’écrit. J’ai commencé à travailler et jouer à Paris en scène ouverte. C’est très utile pour les jeunes humoristes : t’écris cinq minutes, tu vas, tu joues et si c’est pas bon, les gens te flinguent puisqu’ils ne viennent pas pour toi, donc tu rentres, tu travailles ton texte et tu reviens le lendemain. Tu peux vraiment beaucoup plus travailler en tant qu’humoriste que si tu rêves de jouer Tchekhov (chose que personnellement j’aimerais faire un jour) mais c’est difficile d’étudier Oncle Vania avec des potes en attendant qu’on te dise qu’on va te produire. En plus, j’avais pas la vocation de compagnie, j’ai déjà beaucoup de problèmes avec mes problème alors les problèmes des autres… Et voilà !
Vous parlez d’art mais n’évoquez pas forcément des figures connues de tous. Pensez-vous que ce soit pertinent de potentiellement aliéner certains spectateurs comme vous l’avez vous-même relevé ?
Aliéné ? Je le dis mais je ne le pense pas ! C’est pour ça que je tiens beaucoup à ma projection. Quand je parle de l’achrome, je veux qu’il soit derrière moi. Il y en a qui connaissent Manzoni, d’autres pas, certains croient que je l’invente, c’et gros, c’est rare mais ça arrive ! Et ceux qui ne le connaissent pas l’ont en arrière-plan donc, t’apprends qu’il y a un mec qui a fait un tableau blanc, moi, derrière, je fais une blague… Si tu le savais déjà, tu riras d’autant plus. Mais tu es bien obligé d’aller chercher dans un truc qui surprend les gens donc… la Joconde, oui, si on apprend un truc marrant sur la Joconde. Il y a des gens qui connaissent le lièvre mort, ce n’est pas une généralité mais c’est toujours marrant de le mettre… En fait, ouais, en fait, t’as raison, je cite pas trop des gens très connus… Ouais je fais Mahler, quand même… Mais, même Mahler ce n’est pas très connu donc c’est vrai, je ne fais pas des gens très connus mais ce n’est pas une volonté d’exclure, c’est simplement mon univers à moi, des trucs que j’ai découvert, qui m’ont intrigué, interpellé et donc, j’avais envie de voir ça avec le public. Après, c’est sûr que je les tourne tous un peu en dérision mais je ne juge pas. Je l’ai pas dit aujourd’hui mais « Mort à Venise » c’est un film que j’adore ! Ca n’empêche qu’en le voyant, je me suis dit : « Merde, ce type va quand même un jour parler ? ».
En un mot, quel était le but de votre spectacle ? Que vouliez-vous créer, exprimer ?

D’abord un moment de rire. Je sais bien qu’en tant qu’artiste, il faut avoir une vraie vocation, une volonté, un point d’accroche… Moi, je veux que mon point d’accroche, parce que je me suis choisi humoriste, ce soit l’humour. Ensuite, la finalité du spectacle, c’est désacraliser l’art. C’est vrai que Carré noir sur fond blanc c’était un véritable coup de pied dans la fourmilière à l’époque mais je peux quand même dire que tout le monde peut le faire, c’est pas grave. Il y a pas mal de sketchs sur l’art contemporain mais jamais avec les vraies œuvres. Ici on parle des vrais tableaux ! D’ailleurs, j’aime un peu me comparer à Lucchini car je l’adore et il part de quelque chose d’intelligent et il fait rire, moi je veux partir de faire rire et éventuellement, derrière, avoir un truc intelligent mais je n’ai pas la carrure, la connaissance ou la prétention d’expliquer. En revanche, si les gens veulent aller voir « Mort à Venise » dimanche, je serais très content !
Pourquoi le TTO ? L’initiative vient-elle de vous ou d’eux ?
Un peu des deux. Moi j’ai joué à la Vénerie, au Petit Chapeau Rouge et on a invité Nathalie qui a passé une bonne soirée et quelques mois après, elle m’a appelé pour savoir si elle pouvait reprogrammer le spectacle. Moi j’étais ravi parce que je crois que le public un petit peu « bobo » du TTO correspond assez bien à mon l’humour que je défends. En revanche, je n’aime pas exclure qui que ce soit, j’ai joué dans les cafés-théâtres et j’y prend autant de plaisir !
Etes-vous content de vous produire en Belgique ? Pensez-vous que le public belge est différent des autres ?
Je suis ravi et puis le public belge commence à me connaître un petit peu donc j’ai plus de légitimité. Quand vous n’êtes personne, on se demande si vous allez être drôle, quand on est Dubosc ou Gad Elmaleh, on est content parce que vous êtes là ! Maintenant, je suis un peu considéré avec Walter comme les nouveaux talents. La seule nuance c’est Paris/Province. A Paris, ils peuvent voir deux One Man Show par jour s’ils veulent donc ils sont très exigent. C’est bien parce que tout le monde peut jouer mais comme il y a beaucoup de mauvais, le public parisien n’est pas évident.
Que peuvent faire les pauvres spectateurs qui vous auront raté au TTO?
Je vais avoir une tournée de Centres Culturels assez importante, je vais jouer dans une péniche, j’ai oublié le nom d’ailleurs, je vais jouer à l’Os à Moelle et puis j’aurais encore quelques dates… Tout ça se retrouve sur www.kingsofcomedy.be ou sur notre ami Facebook !

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