Au détour d'une conversation...

Publié le 10 avril 2007 par Thierry

D'autant que je me souvienne de mes nombreuses soirées, de mes nombreux échanges téléphoniques, de mes nombreuses discussions en pleine après-midi dans un salon de Thé un dimanche, ou lors d'un déjeuner en tête à tête un mercredi, mes conversations ont toujours principalement tourné autour de cinq sujets prédominants.

La Mode. Celle avec un grand M. Des heures à comparer Chanel à Gaultier, Dior à McCartney, Tom Ford à Stefano Pilati. A débattre avec fougue sur les mannequins, au point de se demander qui giflera l'autre le premier. De parler du départ de Slimane ou du retour de Tom Ford. De s'extasier sur le travail de Blahnik ou de Posen. De reconnaître la suprématie d'un Lagerfeld ou d'un Galliano. De se pâmer devant un Paddington, une paire de Choo, ou un vêtement Rick Owens.

La Politique. Ce qui n'est guère original par les temps qui courent... Là encore les débats fougueux font rage. Un libéral, une gaucho, des paumés, des convaincus, Sarkozy qui fait peur à tous, Royal qui ne plaît pas tant que ça non plus, un nouveau 21 avril qui inquiète, une génération sans vrais repères politiques, mais avec de vraies convictions et de vrais désirs.

La Communication. Normal pour un groupe où la plupart en sont issus. Et où ceux qui n'y sont pas y baignent par les Stratégies environnants ou la passion de leur entourage.

Plus qu'un métier. Une vocation. C'est pas le truc de l'armée de Terre, ça ? En tout cas, je suis effaré par l'amour que je porte à mon job. Au point de ne pas comprendre pourquoi tous les gens ne veulent pas en faire leur profession. Au point de pouvoir en discuter pendant des heures. Au point d'admirer certaines personnes simplement parce qu'elles sortent de la meilleure école du business, ou parce qu'elles ont le métier que j'adule, et le font bien. Mon ancienne boss, entre autres. Et d'autres...

L'amour, évidemment.

Et le sexe.

Ces deux derniers sont les plus prépondérants. L'un comme l'autre. Normal, me direz-vous, c'est un peu indissociable. En fait, c'est justement là-dessus que portent la plupart de nos conversations. Certains considèrent que le sexe est inimaginable sans amour. D'autres, et je ne cacherai pas en faire partie, pensent que quand on a les deux, c'est mieux, mais que, pourtant, ça n'a rien à voir...

Le sexe sans amour, l'amour sans sexe. Aimer le sexe avec quelqu'un que l'on n'aime pas, aimer quelqu'un mais qui, sexuellement, ne nous plaît pas. Avoir du désir pour quelqu'un que l'on aime. Avoir du désir pour quelqu'un que l'on aime pas. Avoir du désir pour quelqu'un alors qu'on aime quelqu'un d'autre. Aimer quelqu'un et ne pas avoir de désir pour lui. Dieu que l'être humain est compliqué...

Je pense avoir vécu toutes les situations sus-nommées. Je pense avoir discuté de chacune d'entre elles. Le déclic a été une conversation avec A., une après-midi, au téléphone. J'aime bien avoir A. au téléphone, parce qu'au bout de dix minutes, on se rend compte que ça fait une quarante cinq qu'on parle...

A. me demandait comment deux personnes aussi antinomiques que C&T et moi pouvions être ensemble depuis plus de quatre ans. La réponse est, j'en sais rien, mon p'tit A.. Il m'a alors demandé ce qui m'avait attiré chez lui. Puis m'a dit qu'il était surpris de savoir qu'il m'arrivait d'avoir des attirances sexuelles pour d'autres alors que j'étais avec un homme que j'aimais sincèrement. C'est alors que je lui ai répondu que cela n'avait aucun rapport ! Il a rit. Pourtant, j'en suis convaincu... Et avoir du désir sexuel pour d'autres que mon Cher et Tendre ne révèle en rien une altération de l'amour que je lui porte. De même que j'ai pu avoir moult rapports sexuels avec des hommes que je ne connaissais/n'aimais/ne respectais pas. Ou aimer sincèrement une personne sans avoir du désir pour lui.

L'homme est ainsi fait. Il est compliqué. Il est passionné. La Mode et la Politique, par d'autres voies, en sont la preuve.

Quel sera le lien avec mon village dans cette note ? J'aurai pu placer quelques noms de lieu ou de bar pour planter un décor, mais j'ai trouvé ça facile... J'aurai pu dire que c'était typiquement lillois, mais c'eût été faux. Je dirai simplement que l'amour que je porte à ma ville est, lui aussi, sincère. Et donc révélateur de cette complexité. Et puis, après tout, ce n'est que le point de vue d'un lillois...