Soleil au mois de mars

Publié le 10 mars 2007 par Thierry

Depuis quelques jours, je vis la plus grande frustration qu'un lillois puisse vivre. Du soleil au mois de mars. Quand je dis soleil, je veux dire, du vrai soleil : ce soleil lumineux qui réchauffe, ce ciel sans nuage, ce temps qui vous mets le sourire aux lèvres et vous donne des envies de retrouvailles avec votre village.

Là où c'est la frustration, c'est que, ici, dans le grand Nord, le soleil est synonyme d'été. Donc de lin, de T-shirts... et de sandales. Oui, sauf qu'on n'estqu'au mois de mars... Donc bon... Donc vous vous retrouvez assis devant votre garde-robe, dans votre mini-shorty Aussiebum rose, à regarder vos boites avec envies. Vous pensez à vos Guccis emballées dans leur papier de soie, et essayez de faire gagner la raison. " On n'est qu'en mars, T., faut pas déconner..."

10 minutes plus tard, vous voilà debout, la fameuse boite posée sur le lit. Un pantalon en lin blanc sur les fesses, une sandale dans la main, vous hésitez...

Un Diesel, une chemise blanche, un T-shirt American Apparel très V, et des Converses. Vous attrapez votre sac pour profiter de ce temps inespéré et inhabituel au possible. Dieu bénisse la raison, fait pas chaud, quand même...

Passage express au Printemps pour l'achat d'une paire de lunettes, détour éclair chez Habitat pour récupérer le nouveau catalogue, filer le carton reçu, et jeter un oeil à leurs nouvelles lampes, et café sur la Grand'Place avec P..

Echange de banalités et de platitudes. Je n'avais pas vu P. depuis cet été. Nous avons eu après ce fameux week-end des mots terribles l'un envers l'autre. Nous revoir de cette manière pour la première fois depuis mi-juillet, comme si rien ne s'était passé n'est pas une solution. C'est pourtant ce qui s'est passé. Les propos étaient creux, froids, sans le moindre intérêt. En bons mondains, nous avons tenu plusieurs heures.

Promenade dans le village. Rue Lepelletier, la Treille, rue de la Monnaie, nous avons tout fait. Une coupe chez Gonay, drink au Duplex, je rentre chez moi. Coup de fil à L. pour organiser le drink de ce soir. Je traine dans le quartier d' Euralille. Suicidaire. Comment imaginer qu'un samedi à 17.30 peut être dangereux ? C'est sans compter sur ma chance légendaire...

Je lui raconte les amourettes d' O., nous arrangeons pour le soir, l'écoute me raconter sa soirée de la veille à la Tchouka, quand d'un coup, mon portable m'est retiré des mains. Je cours. Un énorme sac à la main et un demi paquet de cigarettes dans les poumons. Je cours vite. Mais je sais que je ne tiendrai pas longtemps. On passe devant un gros dégueulasse. Je hurle. "Arrêtez le, il a mon téléphone !". Le gars me regarde, mains dans les poches. Il me sourit. Mais ne bouge pas. Putain...!

Je revois le commissariat, le dépôt de plainte, le fait que décidément rien ne fera plus de trois mois en ma possession... J'ai envie de pleurer. Je fatigue. Heureusement que je suis en Converses ! Un grand black au la bouille de nounours arrive, arrête mon voleur. " On est potes, je voulais lui faire une blague". J'hallucine. " Tu ne me reconnais pas ?" me demande-t-il, un grand sourire aux lèvres. Non, on ne se connaît pas, hurlé-je, lui arrachant mon téléphone des mains. Je regarde le grand black, les yeux embués. Un merci sincère sort de ma bouche. Il me fait un signe de main, comme à l'armée. Un héros.

Je rentre à l'appart'. Embrasse mon C&T. Il me sert un verre de Jurançon, pendant que ma poitrine me fait toujours souffrir.

Ne mettez jamais de sandales au mois de mars... On sait jamais...