Je pourrais me plaindre de ces deux jours passés. Trois heures de sommeil entre deux journées de plus de vingt heures. Des kilos de dossiers à porter de la Maison de l'Architecture à l' Opéra. Des kilomètres de marche. Des journalistes à presser, chercher, poursuivre, en français et en anglais. D'avoir supervisé seul le quartier de la Gare avec ma pote L., pour tous ceux qui voulaient photographier la parade. D'avoir, à cause de la fatigue et le manque de nourriture, littéralement frôlé la pâmoison au Network.
Je pourrais également frimer un peu aussi. D'avoir vu tous les lieux et toutes les expos en avant première. Le Tri Postal, L'Homme Paysage aux Beaux-Arts, les Maisons Folies du village, Ste Marie-Madeleine, Le Corbusier au Beaux-Arts de Tourcoing, le fantastique Fresnoy, La Piscine de Roubaix. D'avoir pu discuter avec certains artistes indiens. D'avoir dit bonjour à Martine. De m'être retrouvé au beau milieu du Grand Foyer de l'Opéra avec des tas de gens ultra-cultivés à boire du champagne et à refuser les canapés de chez Méert. D'avoir rencontré des gens charmants, comme M. IndeàParis ou M. Loisirama. D'avoir vu pendant l'espace de quelques minutes la ville à 25 mètres de hauteur. D'avoir participé à un truc aussi excitant...
Mais je n'en ferai rien !
Aussi ne vous dirai-je pas que les expositions du TriPo sont fantastiques.
Au rez-de-chaussée, le Troisième Oeil. l'Art Contemporain cotoie l'Art populaire et le kitsch indien. Des artistes indiens et d'autres occidentaux. Des représentations de l'Inde dans toute sa dualité.
De la Sculpture, comme les têtes de femmes de G. Ravinder Reddy, la construction de Subodh Gupta, ou la collection de Gansh de Fabrice Pirrez. De la Vidéo avec ce grand mur d'images de 14 mètres de long sur 8 mètres de haut de Marina Abramovic, La fête de Holi de Spehen Dean, et La Fabrique de Tania Mouraud. Et des toiles. Les collages de Baba Anand, Hommage à Krishna, le Kitsch indien dans toute sa splendeur et son faste, les Bindis -ce pigment pur déposé sur le front- sur miroir de Bharti Kher, et les photographies de l'indienne Anita Dube.Au Premier étage du Tri Postal, l'expo Bambay Maximum City.
Les septs utérus éphémères de Reena Saini Kallat, sculptures des sable représentant les septs îles. L'installation vidéo de Sukumaran, représentant numé- riquement des vagues de la baie de Bombay, que l'on calme ou déchaîne selon son humeur à l'aide d'une manivelle.Je ne vous raconterai donc pas non plus ce que j'ai pu voir aux Maisons Folies de Wazemmes et de Moulins.
Vous en saurez donc pas que si l'expo de la Maison Folie de Wazemmes est sympa -très branchée néon-, c'est son annexe qui est vraiment super intéressante. De fait, la Maison de L'Énergie Vitale créée par Cendrine Dominguez est vraiment ravissante. Namasté dans cet espace à la déco indienne promouvant l'écologie et l'économie des énergies au quotidien. Et repartez avec les petits goodies : des stylos lumineux estampillés EDF. La Maison Folie de Moulin est étendue sur deux bâtiments et trois étages. Du riz qui parlent, des assiettes qui vous donnent tous les preceptes de bienséance à table, des vidéos, des lumières, de l'électro. Enorménent de choses à voir, un calvaire d'organisation.Je ne vous dirai pas que je n'ai guère eu l'occasion d'en profiter -encore moins que le reste-, mais qu'à priori, ça vaut le détour.
Je ne vous révèlerai pas qu' Hungry God, la métamorphose de l'Église Sainte Marie Madeleine est probablement l'une de mes expo préférées.
Imaginez, 20.000 ustensiles de cuisine en inox, trois arcades immenses chacune remplies par 6.000 tonnes de vaisselle soudée, une cascade monumentale qui occupe le centre de l'Église, une métaphore du Tsunami qui a ravagé l'Inde et les esprits de ses habitants.Le Dieu affamé. Représenté par de la vaisselle. C'est époustouflant. Pharaonique. Comme me l'a dit sa femme, avec qui j'ai discuté un peu : le seul mot qui nous vient quand on se retrouve face à cela, c'est "Wow"...
Je ne vous dirai pas non plus d'aller admirer par vous-même l' Hospice Comtesse et la Salle du Conclave à Rihour, puisque je n'ai guère eu l'occasion de les voir.
Je ne vous parlerai pas de ce singe de 2 mètres 12 de haut qui vous accueille dans la cour de l'Hospice. Je ne vous conseillerai pas d'en faire le tour pour le voir de dos absolument.
Je vous passe les détails de la lutte que représentent 150/200 dossiers de presse à porter sur plus de 300 mètres.
Je ne vous relaterai pas la magie et le glamour d'une soirée cocktail dans la plus belle salle de l' Opéra.
A la limite, je peux vous raconter que je suis ensuite rentré chez moi pour me doucher, me faire beau pour rejoindre A., E. et L. qui arrivait d'Angleterre quelques minutes avant mon retour dans le village. Après un cosmo chacun au Sybaris, nous sommes allés au Network pour danser et profiter de la nouvelle V.I.P Room.
Le stress de la journée, entrecoupé par les appels incéssants de la grosse-grosse boîte pour me donner de meilleures nouvelles encore que la dernière fois, puis m'annoncer que je commence lundi, accumulé au fait que je n'ai pratiquement rien mangé depuis la veille ou presque m'ont fait défaillir dans le club. La pression redescend, je n'ai plus rien qui me maintient debout. Un verre d'eau sucrée, un Mars, et ça repart. Le temps de voir Patrick Bruel entrer dans la salle, et tous les gens s'agglutiner à sa table, on repart. Il est 4.30. Je me lèverai dans trois heures.