Au fil des pas, je passais devant des cellules. Dans lesquelles, je pouvais entrevoir le spectre de ce qui avait dû être des personnes saines. Elles paraissaient très maigres. On aurait dit des cadavres décharnés tenant sur leurs jambes. Désarticulés comme des pantins. Je crus même apercevoir des enfants...
Je baissais la tête. Le sol fait de béton grumeleux était couvert de trainées de sang séché. Le docteur dit d'un ton sec.
- Belle ta nouvelle maison. On vit, on meurt ici. La vie ça être.
J'entendis la phrase mais ne l'écoutais pas. J'étais plongé dans un tas d'interrogations. Allant de "Pourquoi aie-je foiré tout ce que j'ai entrepris dans ma vie de merde ?" à "Bordel, j'espère qu'il donne quand même à bouffer, ça me changera de la mousse et des écureuils crevés".
Jeté comme un débris dans ce qui devait être ma cellule. Je lançais un regard foudroyant à Frankeinstein et dit :
- T'es un homme mort.
D'un rire décomplexé, il répondit :
- Si seulement j'avais être en vie une seule fois ahahahahaha.
Mon regard rouge de furie s'intensifia. Il ferma la porte et partit en ricanant.
Tout à coup, une voix venant de nul part me surprit.
"Cher patient Français, toute l'équipe ainsi que moi-même vous souhaitions la bienvenue dans l'hôpital international de Zabroska. Je suis Monsieur Gregoriski.. En tant que directeur de cet établissement, j'ai pour devoir de ramener chaque patient dans le droit chemin. Pour succéder à cette laborieuse mission. Nos infrastructures modernes utilisent des techniques avancées en matière de psychologie, de transplantation, de trépanation. Tout est mis en œuvre pour remettre le sujet, c'est-à-dire vous, au meilleur de sa forme. Pour l'instant vous êtes en phase 1 du processus. La pièce de repos dans laquelle vous vous trouvez est dotée de murs blancs rembourrés. Ceux-ci servent de préventions aux éventuelles blessures que vous pourriez vous infliger. Je ne vous en dis pas plus. Nous aurons l'occasion de faire connaissance le moment venu. Maintenant reposez-vous. Un long travail vous attend. Je vous souhaite un bon séjour dans notre établissement."
Le son était émis par un petit baffle situé dans un des coins de la chambre de repos. En ce qui concernait le repos, pas de soucis, dans une chambre construite pour les dingues. Je ne vois pas ce que j'aurais pu faire d'autres que rien foutre. Je n'avais plus qu'à attendre comme un con. La situation était pire que la cabane de la forêt. Je sentais une atmosphère mortuaire. Je me sentais observé. Mais surtout, je ne comprenais pas les affreux cris qui émanaient du couloir. Ces cris aigus, plaintifs, me pénétraient directement dans le cerveau. La pression fit jaillir du sang de mon nez. J'avais mal.
L'auteur des cris devait bien plus souffrir que moi...
D'après Jhonny, non ! Et il sait de quoi il parle. Il a tourné la vidéo dans un asile.