Il y a des jours, des minutes, des secondes où d'un seul coup, sans que vous sachiez exactement pourquoi ni comment votre vie vient de basculer complètement, et tous les plans que vous aviez commencé à établir tombent totalement à l'eau.
Alors, bon. Il ya des fois où c'est assez emmerdant, il faut le dire. Comme -un exemple au hasard- quand quelqu'un de plutôt mal intentionné s'introduit chez vous en pleine nuit pour voler votre sac et vos papiers, ce dans le but de vous empêcher de partir en vacances à Prague, ou assister au premier mariage gay de votre ami à Tenerife.
D'autres fois, cela s'avère être encore mieux que ce que vous auriez souhaité, ou même imaginé.
Il y a deux jours maintenant, j'avais rendez-vous avec la DirCom d'une grosse-grosse boîte. Appelons un chat un chat, il s'agit d'un entretien d'embauche. Cette grosse-grosse boîte étant presqu'une banque, le costume-cravate est quasi obligatoire. Et puis le look agence (Diesel taille basse, chemise ultra-cintrée ultra-ouverte, et pompes qui tuent) (je n'ai que des pompes qui tuent, ceci dit...), c'est réservé aux agences.
C'est donc encravaté et avec mon book flambant neuf et extrèment lourd, que je me dirige le coeur battant, sous des cieux ensoleillés et 35°, vers la grosse-grosse boîte.
"Présentez-vous rapidement"
Ben voilà, je suis Lillois, j'aime bien les chaussures et mes amis, je tiens un p'tit blog sur ma ville, et je ne déjeune pas seul... What else ?
Au bout de quelques minutes, et quelques phrases tapant dans le mille, Mme DirCom -charmante dame au peps indéniable- commence à me parler de sa façon de travailler. Me présente ses travaux, des archives. Me promène dans son bureau pour m'expliquer ses affiches, son intranet. M'explique, me présente, me raconte. J'aime sa façon d'aborder la Comm' Interne, j'admire ses idées parfois audacieuses, souris, ris devant sa vision de certaines choses. Rapidement je me détends. Et sens que tout se passe bien. Mieux que je ne l'aurais imaginé.
A u bout de plus d'une heure et demie, une fois rassis, elle m'annonce qu'ils "n'embauchent pas". Désillusion. Désappointement. Essayer de ne pas avoir l'air déçu. Dépité. Ne pas poser cette question qui vous martèle l'esprit : "Mais alors, qu'est-ce que je fous là ! ? !". Et en même temps, quand même...
Elle ajoute qu'elle peut me prendre en stage longue durée. Ce qui ne me fait pas franchement frémir d'envie. Faire le même boulot pour être payé moins, j'avoue que ce n'est guère une perspective qui me transporte d'aise. Quand... Arrive la fameuse phrase, cette petite chose qui paraît si peu, et qui est justement ce qui va bouleverser vos projets. "Je peux également vous prendre en alternance."
Là, votre esprit (enfin, le vôtre... Le mien !) s'emballe, tourne vite, très vite. Bosser, tout en continuant mes études. Être payé pour aller à l'école. Rajouter 1 à mon Bac+. Et ne même pas payer mes frais d'école. Travailler dans le milieu que j'aime, à faire ce qui me plaît, tout en évoluant. Ca, madame, ça, ça me transporte d'aise !
Je lui dis que cette perspective serait susceptible de m'interesser, elle ajoute "Si ça vous intéresse, moi je commence demain !". On se laisse le temps d'y réflechir. Elle, d'en parler à sa R.H, moi à mon C&T. Et de trouver une école. Ce qui ne va pas être le plus compliqué...
Après s'être séparé, j'ai à peine le temps de rentrer chez moi pour me changer. Tant pis, j'irai rejoindre E. dans cette tenue.
Vous n'avez jamais remarqué, c'est quand vous n'avez pas envie de croiser de gens que tout le monde vous tombe dessus. Non pas que je me sente ridicule en costume, mais bon. Par une belle après-midi sous 35°, avec votre porte-document et votre book A3, vous ne vous sentez pas non plus super normal. Mais la vie en décide autrement, et je croise C., boulevard Vauban -lieu où, vous l'aurez remarqué- je ne vais jamais. Elle non plus, d'ailleurs. On s'assied sur un muret pour se raconter nos vies.
Attablé au Central Park, je relate à E. le déroulement de mon entretien. C&T nous rejoint. Le lendemain, je retrouve L. au Lina pour lui raconter les derniers gossips de la ville. Y. et sa copine passent, et s'installent avec nous. C'est drôle de voir comme toutes ces jolies gonzesses qui m'entouraient pendant deux ans prennent toutes des chemins différents.
Et c'est là que j'ai réalisé à quelle point cette perspective de continuer l'école me plaisait. Donc lundi, lorsque j'aurai Mme DirCom au téléphone, je lui dirai, si elle est toujours partante, que je suis ravi de rejoindre son équipe en formation en alternance.