Des pédés et des jardins

Après m'être encore couché à des heures indues, j'ai pu enfin profiter du samedi pour dormir un peu. Et m'occuper de moi ensuite.

L'après-midi, C&T et moi avons décidé de mettre le nez dehors, afin de jouir du soleil, de la chaleur et de la Gay Pride.

Arrivés vers 14.00 sur la Place du Théâtre, la première chose qui nous a frappé était le

nombre de non-lillois. On regarde. On écoute. On flâne dans ce petit village arc-en-ciel au coeur du grand village. On se prend une glace chez Dagniaux -citron bleu et violette pour lui, pain d'épices et speculoos pour moi.

Etant donné qu'aucun char n'est apparemment disposé à arriver, on se met en route pour l'inauguration du Parc Jean-Baptiste Lebas. Cinq hectares de verdure, tous les vieux marroniers de l'ancien boulevard conservés, 153 nouveaux tilleuls plantés, 11 voies de circulation, 3 pistes de jeux de boules demandés par les retraités de la ville, 3 placettes pour les futurs petits événements, ...

Et le tout entouré de ces fameuses grilles rouges.

Martine était là pour inaugurer ce parc, déjà célèbre avant d'avoir ouvert ces grilles. " Ben, pourquoi ?" se demanderont les non-lillois. Pourquoi ? Parce qu'il aurait dû ouvrir il y a un an. Oui, mais voilà, on a trouvé des grenades datant de la Première Guerre Mondiale. Donc ça a quelque peu retardé le tout.

Mais maintenant tout va bien, nous a rassuré Martine. Qui nous a fait un discours comme seule elle sait les faire. Un soupçon de dérision, une façon implacable de river le clou à tous ses détracteurs.

"Enfin, enfin, il est ouvert ! " Commence-t-elle. C'est pas dommage, mais bon. Les grenades, puis la pluie.

Ce mois de mai affligeant...

Bref, c'est de la faute à pas de chance.

Elle rappelle aussi que pour tous ceux qui se garaient là autrefois, des parcs de stationnements ont été créés aux alentours. Que la Citadine -navette lilloise- fera dès la fin de l'été le tour de la ville. Et s'arrêtera en divers points, tous à cinq minutes à pied du centre ville.

Et ces grilles. " On l'aime déjà ce parc, puisqu'on en discute ! Fallait-il les faire rouges ?"

Rouges. Comme les briques de toutes ces superbes facades qui les entourent. Rouges, mais pourquoi pas vertes ? Je sais pas qui lui a signalé cette idée saugrenue, mais des grilles vert foncé, avec une végétation abondante, c'est pas franchement l'idée du siècle. Et pourquoi pas vert jusque mi-hauteur, et bleu ciel au pic ? Allez, tachetons le tout de gris, pour le typique aspect nuageux du Nord...

Et la taille ? (Mais, en fait, vous vous en êtes pris plein la gueule avec ces grilles !). " La taille a été travaillée, étudiée".

Martine sort la carte de la sécurité pour les enfants. Et puis, souligne le fait, qu'encore une fois, cela se positionne bien par rapport aux immeubles. Trois mètres de hauteur : plus petites, elles auraient applati le parc. Plus grand, ça aurait été gênant.

Et en même temps, Martine, dis-leur : si sont pas contents, et ben merde.

Ce parc est très joli. Et pourtant Dieu sait que la nature et moi... Le parc est beau, les bancs sont fun, les grilles, qui serviront régulièrement de support expo, sont gaies.

D'ailleurs... Après avoir bu un demi verre de ce mousseux ignoble servi après le discours, C&T nous mettons en route pour retrouver la Gay Pride.

Retour Place du Théatre. Forcément, sont déjà partis.

On part rue Solférino (d'après mes vagues souvenirs, ils passaient par là... Je n'ai évidemment pas pensé à prendre l'itinéraire...). Place de la République, les jolis flics en vélo nous renseignent, sourire aux lèvres.

Ben, on repart vers J.B.L. J'ai chaud. Mes chaussures commencent à se manifester. Et ma chemise GStar me paraît être un choix vestimentaire de moins en moins judicieux. C&T, ça va...

On s'installe sur les fameux bancs de ces célèbres grilles. Les voilà. Une capote géante, le char de la Tchouka, des militaires, une limo... Pleins de garçons, encore plus de filles.

Des torses nus. Une chaleur étouffante. Une musique incroyable. Une ambiance du tonnerre.

Je bise S., P., L., S., C., T., ... Me prend des clins d'oeils, des sourires, une main aux fesses. C&T, du coup, tire un peu la gueule. En même temps, suis pas responsable...!

On remonte République. Molinel. Pour finir case départ.

Je pense à mon mémoire, je demande à C&T s'il veut rentrer. Il me répond qu'il resterait bien encore un peu... Je suis abasourdi. Mais content de le voir souriant, détendu, et si beau sous ce soleil.

Après un appel de M., on finit par aller dîner chez lui et son mari, F., dans leur sublime baraque de 4 étages. Rentré à l'appart', je peux enfin m'attaquer à mon boulot.

Je me couche à 6.35, crevé, mais heureux. Ca y est, c'est fini....