Magazine Journal intime

Une journée pas comme les autres

Publié le 13 février 2006 par Thierry

Aujourd'hui, "c'est une de ces journées les plus déprimantes du mois le plus déprimant de l'année, une de ces journées où même les pires optimistes n'ont envie que de se pelotonner sous leur couette, et où les plus pessimistes n'ont pas la moindre chance de s'en sortir sans une pleine poignée de Zoloft." Devil wears Prada

Le ciel est si gris et si brumeux qu'on a l'impression qu'il n'est qu'à 25 centimètres au dessus du crâne.

J'aurai mieux fait de rester couché.

Mais voilà, je devais passer à ma banque régler un truc, et tester un nouveau salon de thé spécialisé dans l'éthique : toutes les boissons sont issues du commerce équitable. Le Soficcino.

J'arrive devant le café -que j'ai eu du mal à trouver-, Place Louise de Bettignies ; mais il n'ouvre qu'à 14.30, il est 13.35.

Je décide donc de marcher un peu, en respirant l'air froid & humide de la ville.

Quand trois mecs -que je n'avais pas entendu because of iPod- m'accostent.

" T'aurais pas une garot ?

- Désolé, je ne fume pas.

Ils se placent : l'un à ma gauche, l'autre en face, le dernier à droite. J'ai le mur de l' Hospice Comtesse dans le dos.

- Qu'est-ce que t'écoutes ?"

Ils insistent pour écouter. Je sais que si je ne sors pas mon lecteur, je m'en prends une. J'ai pas le choix. Il le prend en main. Je ne le lâche pas, mais je ne suis pas rassuré. Il me l'arrache des mains.

Je ne réfléchis pas, je lui cours après. Il est dans un cul de sac, j'insiste pour qu'il me le rende. Il m'attrape le col, me menace du poing. J'hésite.

J'hésite à me prendre un bleu & récupérer mon iPod. Ou alors ne rien récuperer du tout & me retrouver la gueule éclatée, en sang sur le pavé.

Il file, je le suis. Il le passe à un de ses potes. Qui se barre.

Je réussis à le presuader que c'est cher & que c'est pas franchement cool de sa part. Il comprend. Dit s'en vouloir. Et me promet savoir où est parti leur copain, aller le récupérer pour me le rendre.

On marche jusqu'au Parc des Dondaines, derrière le quartier Euralille. J'ai mal aux chaussures, je flaire l'embrouille, mais j'espère.

Arrivés là-bas, évidemment personne. Le gars me dit que son pote a du déjà le refourguer contre une vingtaine de barres de teush. Là, j'me dis que j'ai été con.

Finalement ils se cassent. Je reste là. J'ai froid.

Je craque. Et explose en sanglots. Sanglots qui ne s'arrêtent pas... Je réalise que j'ai failli me faire défoncer la tronche, qu'on vient de me voler mon Nano flambant neuf, que les gars en question ne savaient même pas ce que c'était, qu'on m'a piqué mon téléphone quelques semaines avant, que je n'ai plus de taff. Et que la vie est moche.

Je croise une contractuelle, lui explique que je viens de me faire piquer mon lecteur. Elle me dit d'aller porter plainte, qu'il y a un commissariat à quelques mètres.

J'entre. Les yeux me brûlent. J'explique à la fliquette ce qui vient de se passer. Elle rit et me demande -avec un accent du nord très prononcé- "C'est quoi un iPod?"

Je n'ai pas ma carte d'identité, je ne peux pas faire ma déclaration. Je sors.

Je pleure, sans pouvoir m'arrêter. Je pleure dans le tramway, je pleure sur la route, je pleure en ouvrant la porte de l'appart'...

En voyant C&T, je pleure encore plus. Sa présence me rechauffe, me réconforte... Les larmes coulent sans cesse.

Il annule le dîner de ce soir, mais mes potes passent quand même. On discute, on boit un café. Ca va mieux.

Là, ils sont sortis acheter du Martini. J'en ai besoin, vous n'imaginez pas...!

Besoin d'écrire, également. Les larmes recoulent...

Je suis vanné.

J'ai hâte que mon mari rentre... Je vais aller dormir un peu.


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