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Le tableau, film de Jean-François Laguionie
Publié le 21 octobre 2011 par MedinasaludoLe tableau, film, (en avant-première ce soir à la CIBDI d'Angoulême), mêle fiction poétique et métaphore sociale avec une fluide habileté, tant dans la forme que dans le propos. Celui-ci n'est pas sans rappeler le film Le roi et l'oiseau de Paul Grimaud, ou bien encore Vos papiers, de Claire Fouquet.
L'oppression des classes dominantes, la notion d'invisibilité des opprimés, qui en fait des illégitimes,y est mise pareillement en exergue. Mais le génie de Jean-François Laguionie, qui a voulu ce film comme une sorte de testament d'artiste, est de démultiplier à l'infini les univers, qui communiquent en cascade comme autant de camara oscura encastrées less unes dans les autres.
La boîte noire du peintre, petit théâtre, à l'italienne, de l’illusion du monde, prend ici encore plus de relief paradoxalement, par les coulées fluides de couleurs qui font et défont les passages d'un monde à un autre. A la fin seulement le stratagème est totalement dévoilé, lorsque la principale protagoniste, Lola, petit personnage téméraire et judicieux, rencontre le vrai peintre, (en fiction dans le réel et non plus dans l'animation).
Alors un vent de liberté souffle sur les héros, qu'ils soient Toupins, Pasfinis, ou simples Reufs, croquis à peine esquissés.
C'est ainsi qu'à tout moment, j'ai été transportée et bercée, tant par l'image que la musique, (Pascal Le Pennec), touchée par la sincérité du propos, qui s'exprime à travers la bouche des personnages. Tout spectateur, petit ou grand, comprendra à sa façon le propos de Jean-François Laguionie, qui sait nous parler de choses graves avec la légèreté et la poésie de l'enfance.