Il faut se résoudre à l'évidence : ce blog est à géométrie plus que variable. Et pourtant c'est qu'on s'attache à ces petites bêtes, même si elles n'existent que de loin en loin, comme une partie délocalisée de la personnalité, une sorte d'archive ouverte, forcément partiale et partielle, de soi. J'en suis venue à considérer ce blog, moi qui me refuse à tout facebook qui soit, comme une sorte de "case de cerveau disponible"... Je m'explique : j'envisage le réseau social ci-dessus cité comme une vitrine géante, où les individus se mettent sous un néon rouge volontairement. Ce qu'un blog est également, en toute logique. Mais ce n'est qu'une case, qui laisse en déhors de multiples aspects de la vie, de la personnalité, et ce sans que cela soit même une question de les y présenter ou non. Et cela me convient tout à fait. Cette case reste donc disponible. Et moi d'y revenir quand bon me chante !
Cela dit, trève de bavardage justificatif :-)
Il s'est passé beaucoup de choses depuis que la tête a été vidée par des cervidés dans la forêt la dernière fois...
Notamment : un de mes poètes préférés a eu le Nobel, et ça m'a remplie de joie ! Tomas Tranströmer a une place particulière dans mon coeur car c'est en étudiant son oeuvre que mon cerveau s'est remis en marche à une période pas évidente, donc je vous recommande plus que chaudement -pun intended- le recueil de son travail en français "Baltiques" ainsi que le texte autobiographique "Mes souvenirs m'observent" publié au Castor Astral. Son oeuvre peut paraître austère, revêche, mais c'est une qualité en fait, la même qui fait qu'on se laisse emporter par le vent sur une lande.
Par ailleurs, Steve Jobs est décédé. Et sans être une surprise, ça m'a posé question.
Et je me suis dit que Desproges me manquait, parce que de toute cette révolution numérique, commerciale autant que sociale, j'aurais tant aimé avoir son analyse, sa finesse et sa cruauté, son côté terre-à-terre aussi... Et puis par hasard, j'ai entendu ce sketch de Didier Bénureau, "J'suis heureux", et je me suis dit que c'était ça, exactement ça, ce que j'attendais, que les mots étaient là, la finesse, la cruauté, la réalité, et que c'était exactement ce que les envolées lyriques sur Apple provoquaient chez moi comme révolte intérieure. J'ai déjà exprimé mon admiration intellectuelle pour Alan Kay, on ne peut pas trop me taxer d'anti-numérisme primaire, c'est juste qu'à un certain point, il faut prendre en compte l'aspect financier de cette "révolution numérique", la consommation à laquelle elle est associée, et je dois avouer que plus le temps passe, plus cela me révolte, m'écoeure, me repousse, tout ce que vous voulez... Je ne peux pas m'en empêcher, je vois de moins en moins l'intérêt, si c'est pour que tout se résume progressivement à une question de monétisation, personnalité incluse, ça me "fatigue" à défaut d'un terme plus violent, car c'est plus une lassitude de l'évidence qu'une révolte à ce stade. L'informatique est une industrie et un marché avant tout, l'oubli de cette évidence m'est perpétuellement corrigé.
Jour après jour, j'ai étrangemet décidé de préférer courir dehors, ça m'étonne moi-même.