Editions Léo Scheer, avril 2011, 244 pages, 18 euros
Si il fallait absolument un signe distinctif sur un bandeau pour sortir ce Passant ordinaire de son anonymat littéraire injuste, je verrai bien mieux une photo de la rue Lepic, le dimanche matin, quand les gens font leurs courses avant de se retrouver pour l'apéro à la terrasse du Sans-Souci. Il y aurait aussi une animation musicale de rue, avec un batteur qui ressemblerait au personnage principal du roman ou mieux, à l'auteur, un sax et une contrebasse.
Calude est un magnifique héros décroissant : à trente cinq ans, il a réussi à restreindre son espace vital aux dimensions de son quartier, à peu de choses près. A domicile, il fait des piges pour un journal NewAge. En complément il exécute fort proprement des petits boulots alimentaires à la mesure de son absence d'ambition chez les commerçants en bas de chez lui. Ses amis peu nombreux, viennent à lui plutôt que lui à eux. Devant la thèse qu'il est censé écrire sur les femmes dans l’œuvre de Céline, il procrastine depuis des années, mais ne culpabilise pas. Il joue d'un instrument trop lourd à transporter plus loin que le club de jazz restaurant au coin de sa rue. Opportunément, il tombe amoureux de la jolie fille qui vient d'emménager dans son immeuble et qu'il rencontre devant les boîtes aux lettres. C'est à peu près tout ce qui distingue son style de vie de celui de son voisin et ami, un octogénaire encore vaillant.