J'ai oublié le nombre de jours au bout desquels il faudra...
Publié le 26 octobre 2011 par M.J'ai oublié le nombre de jours au bout desquels il faudra mourir, et si je ne peux rien y changer alors comment puis-je m'en souvenir, je ne serais pas héroïque. Le silence sonne comme une goutte homéopathique de rage ceinturée au niveau des côtes, comme si j'avais deux mains à l'intérieur en train de creuser vers la sortie, j'ai un tunnel dans la poitrine au bout duquel on verra bientôt le jour ; et je suis incapable de raconter la bonne histoire, ça me mord, tire, griffe, je voudrais rire avec désinvolture et te dire que tu peux t'y fier mais j'ai la bouche flasque et les gencives qui démangent chaque fois que je me force à mentir. On m'a cloué la nuque et je suis ennuyée à l'idée d'avoir a baisser les yeux, puisqu'il faut peut être qu'il y ait une guerre j'aimerais avoir le premier acte et le planter. Je ne suis pas bonne joueuse. J'ai platement observé la scène en laissant murir quelques branches noueuses au fond de mon estomac, maintenant les tiges me sortent sur la langue et j'ai encore ce visage qui penche bêtement la tête à droite, les yeux ronds comme ces boules de verre vides dans lesquelles on enferme la poudre, j'ai encore ce faciès atone et ce crâne hirsute, et plus que jamais cette autre image languide et arbitrairement sensuelle, trop sévèrement cloisonnée, qui s'agite dans les artifices de son sommeil. Je déteste les mains râpeuses, je déteste ces filles avec leurs longues pattes d'araignées, je déteste ma jalousie ferrailleuse dissimulée en extravagantes courbettes et puis le froid rainurant mes doigts désarticulés, je déteste le déraillement simulé de la chair sur laquelle on appuie machinalement, mais en vrai, j'aime bien parfois qu'on me tire les cheveux. J'ai gardé les poings dans les poches pour ne rien semer des tempêtes entassées à l'intérieur, mais quelqu'un y a mis du verre. J'interviendrai pour une fois dans la marche de l'univers, et ce rien que pour ma gueule, bâtard. J'ai les mains rouges et déjà meublé tout le vide avec tous les hivers, mais il ne reste plus de bande à enrouler. J'ai oublié le temps qu'il nous faudra pour être enterrés. J'ai oublié le compte des heures avant l'issue tragique, mais j'ai retenu qu'il faudra bien aimer, aimer sans l'amertume tranquille et inconditionnelle des enfants terribles en proie aux espoirs gaspillés, aimer sans cette sagesse usée, à l'acide chlorhydrique.