Ph., G.AdC
L’ENVERS DE TOUS LES ENDROITS
(extrait)
11.
on ne sait plus où se réfugier
peut-être baisser les stores
descendre les jalousies, condamner les fenêtres
sceller les portes
organiser l’absence, le temps que ça passe
le temps que le temps passe
rien d’autre ne peut passer que le temps
et ce que le temps ramène en passant
c’est encore du temps
qui à son tour devra passer
et ce temps qui n’arrête pas de passer
qui passe sans répit
ça donne un insurmontable épuisement
12.
et c’est cet épuisement
qui sème la zizanie dans les molécules
et on ne sait plus vraiment quoi faire
on demande réparation au sommeil
mais le sommeil n’y peut rien
le sommeil n’est pas vraiment compétent
pour les molécules
et ainsi, de jour en jour
on n’est pas prêt pour le jour
on se réveille le matin
et le réveil cause un tel épuisement
que l’on retourne se coucher aussitôt
et pendant ce temps les mulets s’ensablent
les chameaux s’engourdissent, la caravane stagne
les feuillets que nous attendons n’arriveront pas
le poème qui dira muettement le souhait
d’aller dans ta chambre fleurie
ne sera jamais lu, ni par toi, ni par personne
Lambert Schlechter, L’Envers de tous les endroits, Éditions PHI, 2010, pp. 55-56. Dessins de Jean-Marie Biwer.
LAMBERT SCHLECHTER
Source
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site du Centre national de littérature du Luxembourg) une fiche bio-bibliographique sur Lambert Schlechter
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