Voici ma dernière toile "Une nuit au Cayla". Le Cayla est un sobre petit château aux origines féodales, situé au sommet d'une douce colline du Tarn. Il semble posé là pour l'éternité et il abrita au XIXè siècle une femme de lettres française de grand talent mais des plus méconnues hélas, Eugénie de Guérin ainsi que son frère poète, Maurice. Je pense qu'Eugénie est notre "Brontë" française, dans la mesure où elle rédigea des merveilles alors même qu'elle vivait une simple vie de petite bourgeoise pieuse et paysanne, qui n'alla presque jamais porter ses pas plus loin qu'à Albi.
Son talent réside dans le fait qu'elle avait un sens inouï du détail, jetait un regard poétique sur son environnement transcendant ainsi le moindre évènement de la vie quotidienne.
Elle voua sa vie entière à ce frère tourmenté et romantique emporté dans la fleur l'âge par une phtisie. Désespérée, Eugénie mourra peu de temps après. Je suis en train de lire sa biographie. Et j'ai imaginé Eugénie perchée dans l'un des arbre du parc, souhaitant ardemment le retour du frère prodigue (il était souvent absent) , par une douce nuit d'été éclairée par la lune. Une Eugénie arthénicienne il va de soi...
Acrylique et technique mixte sur châssis toilé 40/50
Suite à la mort de son frère, Eugénie note dans son Journal (à la date du 30 septembre 1839) :
Je voudrais que le ciel fût tout tendu de noir,
Et qu'un bois de cyprès vînt à couvrir la terre ;
Que le jour ne fût plus qu'un soir.