Comme les anciennes icônes
aux couleurs usées au bois rongé
par la griffe amère du temps
qui de leurs yeux intacts
embués de larmes te regardent, sages
de tant de connaissance dans leur silence
de tant d'immobilité, d'isolement - de même
à travers le temps tu viens vers moi
et tes yeux douloureux me regardent.
Comme les anciennes icônes que l'on garde
au fond du temple, dans le coin
le plus secret, qu'avec une précaution
extrême on approche et adore
précieuses comme la prunelle de nos yeux
conservant une fraîcheur étrange
et dont le bois et la peinture embaument -
comme les anciennes icônes, je t'ai prise
et au fond de moi je t'ai cachée.
Anètis Evanghèlou - Anthologie de la poésie grecque contemporaine - NRF Poésie/Gallimard