Photo Gérard Rollando
Qu’est-ce que je pouvais faire après cette révélation à part me mettre en colère et asséner des vérités ? Je savais bien que j’allais encore passer pour l’affreuse donneuse de leçons, mais il y a des comportements qu’on ne peut pas tolérer.
- Mais pourquoi passer ensemble une si belle soirée si c’est pour tout gâcher avec des révélations immondes. En plus, comble de la lâcheté, lâcheté bien masculine, il te faut avoir bu pour me dire tout ça. Est-ce que cela aurait été si difficile de me dire avant le restaurant, avant le champagne, avant la franche rigolade avec Romain Duris, avant tout, que tu étais fiancé, enfin marié, et père ?
- Mais…
- Ah non je ne vais pas te laisser parler. Je sais précisément qu’à cet instant tu vas me dire que tu ne m’as rien promis ou que je ne t’ai rien demandé. Ah non, je ne vais pas avoir la patience d’entendre ces inepties.
- Pourquoi tu cries ?
- Pourquoi je crie ! D’ABORD JE NE CRIE PAS ! ENSUITE PARCE QUE PARCE QUE PARCE QUE C’EST COMME CA . JAI BESOIN DE M’EXPRIMER. IL FAUT QUE JE M’EXPRIME, QUE J’ÉVACUE TOUTES CES HORREURS QUE JE SUBIS EN CE MOMENT PAR TA FAUTE, TA FAUTE A TOI, HOMME LACHE ET PROFITEUR. CAR TU PROFITES DE TA BEAUTE ROBERT REDFORD ET DE MA FAIBLESSE DE FEMME FRAGILISEE PAR LES EVENEMENTS TRAGIQUES D’UNE VIE EN 2008.
- Tu racontes n’importe quoi. On ne se connaît pas, On a passé UUNNEE soirée ensemble et puis c’est tout. Je ne vois pas l’intérêt d’un tel débordement. Je ne t’ai rien demandé, moi, c’est toi qui …
- Ah, je le savais que cela allait être de ma faute. Tu n’avais qu’à dire NON, non, 3 lettres, 3 lettres petites et minuscules, 3 lettres de rien du tout, 3 lettres ridicules et j’aurais pas insisté, c’est pas mon genre. Mais tu as dit oui. Et maintenant tu me reproches tout ça parce que tu n’assumes pas, pas du tout, ton oui.
- C’est bien compliqué tout ça.
- C’est pas compliqué du tout, c’est même très simple, pourquoi les hommes ont-ils du mal avec le non. Voilà la question. Pourquoi mentir, pourquoi tourner en bourrique, pourquoi abuser de la naïveté des femmes quand tout pourrait être réglé en trois lettres magiques N. O. N. Non.
- Eh bien là tout de suite, présentement, je te dis non. Et je rentre chez moi.
- Ouais avec ta femme et mon mioche. Pff.
Siboby tourne les talons.
- Mais que va t-il advenir de nous ?
- Mais, nous, n’existe pas. Je viens de te le dire. Mais tu es vraiment bouchée ! Mais t’es folle, t’es une cinglée, complètement à côté de tes pompes. Nous c’est non, non, non, N. O. N. Tu vois, je sais le dire non.
Enervée ce n’est pas un bon mot pour qualifier à cet instant mon état psychologique. Je suis évidemment au bord de la rupture, au bord de lui envoyer mon poing dans la figure en visant là où ça fait le plus mal, l’œil, les dents, le haut de la pommette. J’avais furieusement envie de lui rectifier le portrait à ce faux Robert Redford, mais je suis plutôt contre la violence physique irréfléchie, lui préférant, et de loin, la sournoiserie insidieuse. J’aime le poison qu’on distille l’air de rien et qui empoisonne petit à petit, au fil du temps. Mais bon j’avais pas trop le temps pour les sournoiseries et pas trop d’énergie non plus, alors j’ai laissé tomber parce qu'une fille peut parfois se révéler être un homme lâche ou alors très fatigué.Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu