De tous temps, les régimes politiques ou les institutions religieuses ont voulu imposer un « art officiel » selon leurs critères du bon goût. On pense à la Réforme, au Roi Soleil, au premier et au second Empire, à la restauration.
Au 20ème siècles les régimes autoritaires ont accentué leur pression allant jusqu’à la « liquidation » des artistes. Staline impose aux artistes soviétiques un nouvel académisme. Mussolini rêve des canons de l’Empire Romain. Mao Zedong promeut un art du peuple.
Hitler qui « se prend pour un artiste » édicte dès Mein Kampf son point de vue de l’esthétisme en se fondant sur le sens commun populaire. Beaucoup d’artistes fuiront le pays ou se cacheront, quelques uns obtempéreront avec des thèmes néoclassiques d’un « art héroïque arien » Certains seront internés près d'Aix-en-Provence au Camps des MillesLe fürer et ses sbires pourchasseront les plasticiens, les musiciens, les écrivains
ou encore les cinéastes. Ils stigmatiseront les grands courants artistiques du début du 20ème siècle dadaïsme, cubisme, expressionnisme, fauvisme impressionnisme ou surréalisme d’ Entartete Kunst, d’art dégénéré. Et bien entendu les artistes qui appartenaient à ces courants ont été qualifiés d’artistes dégénérés
A l’été 1937, Joseph Goebbels organise à Munich, assisté par Adolf Ziegler une exposition d’Art dégénéré qui attirera 3 millions de visiteurs. Elle montre, 650 œuvres confisquées dans 32 musées allemands. Elles sont assorties de notices à connotation antisémite qui visent à l’a dénigrer. Elles sont souvent mises en perspective avec les travaux d’aliénés. Ce sont plus de 16.000 œuvres d’art moderne qui seront saisies et vendues à l’étranger ou détruites.
A la même époque fut en opposition montée la Grande exposition d’art allemand - Grosse deutsch kunstausstellungUne liste des artistes autorisés la Gottbegnadeten liste que l'on peut traduire par la "liste des bénis de Dieu" recensait un millier d'artistes de toutes les disciplines fut publiée à la fin de la guerre en 1944. Vingt quatre d'entre eux sont considérés comme"unersetzlich" irremplaçables
Un ouvrage collectif « Introduction à L’art dégénéré a été édité en 1992, chez Jacques Bertoin. Par ailleurs Ursula A. Ginder a publié en 2004 un mémoire Munich 1937 -The development of two pivotal art exhibitions
On trouve des informations complémentaires sur les sites de Philophil, d’ Arts dégénérés, de Passion estampes, d’Art mémoires ainsi que du Colloque Art et Nazisme à Liège et aussi sur l'Art juifou encore sur la valeur actuelle des livres qui ont échappé à l'autodafé de 1933.
Un prochain billet reviendra sur les plasticiens visés par le régime nazi