Jack O’Lantern plane sur la ville depuis des semaines pour annoncer la nuit des maudits de son sourire revanchard. Ce soir c’est Halloween et les drôles sont lâchés dans les rues, les sorcières volent à droite, les zombies courent à gauche, dans une insatiable quête de sucre. « Trick or treat » est leur cri de guerre tandis qu’ils frappent aux portes à la recherche de bonbons, sucettes et Tootsie Rolls. Certains se contentent d’un bonbon. D’autres ne repartiront qu’après en avoir arraché une pleine poignée. Pendant que les enfants chassent avec leur mère, le père fait la garde à la maison, échangeant bonbons contre bonnes grâces, avec l’angoisse de finir par en manquer pour satisfaire les je-ne-sais-pas-combien-y-a-de-mômes-dans-ce-quartier.
Pour une raison qui persiste à m’échapper, les américains aiment se faire peur. Car Trick’r Treating n’est que le sommet le plus visible, et presque charmant, d’un iceberg de traditions où l’on « consomme du morbide » à tout rompre. Certains transforment leur domicile en maison hantée, d’autres passent une nuit de frisson dans un des parcs d’attraction que l’on a repeint à l’hémoglobine pour l’occasion, un grand nombre sont accrocs à l’une des séries télévisées et films d’horreur que Hollywood produit à une cadence infernale en cette saison. Poules mouillées et âmes sensibles, le 31 octobre est à marquer d’une croix blanche et d’un chapelet de gousses d’ail sur vos calendriers.
Sans doute la peur est-elle un business profitable. Après les confiseurs, les costumiers, les forains et les producteurs de films, même les dentistes profitent de l’aubaine pour rappeler les enfants au contrôle dentaire après l’orgie de sucreries (on en a un cette année qui propose à ses fidèles petits clients de leur racheter l’excédent de bonbons collectés à Halloween au tarif d’un dollar la livre à titre promotionnel. Et ça marche : on ira troquer les bonbons qu’on aime pas chez le dentiste dès demain !). Mais il faut plus que cela pour maintenir une tradition. Alors qu’est-ce qui fait marcher Halloween ? Le plaisir de retrouver les frissons de son enfance ? Non merci !
Halloween, c’est l’horreur.