C’est un document important que vient de publier le Conseil pontifical Justice et Paix, sous le titre « Pour une réforme du système financier et monétaire international dans la perspective d’une autorité publique à compétence universelle ».
- Taxant d’ «idéologies» aux effets dévastateurs les doctrines libérales qui ont dominé les vingt dernières années du siècle dernier, le document de Justice et Paix rappelle que la visée du «bien commun » et l’exigence de solidarité, tâches propres du politique, exigent que les activités financières soient régulées. Trois mesures concrètes sont envisagées, pour l’immédiat :
- instaurer une taxe sur les transactions financières, dont le produit pourrait « promouvoir le développement mondial et durable ».
- recapitaliser les banques, mais pas sans condition : le texte ne fait pas l'apologie d'une recapitalisation comme celle qui a été pratiquée fin 2008. Il précise que les banques doivent s’engager à adopter des comportements « vertueux », c’est-à-dire à orienter leur activité vers le développement de l’économie réelle et non de la spéculation.
- rétablir la distinction entre banque de crédit aux particuliers et banques d’investissement.
Aux politiques... d’expliciter les conditions politiques de leur mise en œuvre...
Imposer aux banques un « comportement vertueux », par exemple, est-ce possible sans prise de participation de l'Etat dans le capital des banques ? L’élimination des « paradis fiscaux » aurait pu être mentionnée, puisque c’est une des conditions essentielles de la « réforme du système financier et monétaire international »...
Autre intérêt de ce document : il rappelle, dans son titre même, un point trop méconnu de la doctrine sociale de l’Eglise, formulé par Jean XXIII dès 1963, bien avant que l’on parle de « mondialisation ». Constatant que bon nombre de problèmes ont désormais des dimensions mondiales, il affirmait que leur solution exige la création d’une « autorité publique dont le pouvoir, la constitution et les moyens d’action prennent eux aussi des dimensions mondiales et qui puisse exercer son action sur toute l’étendue de la terre (Pacem in terris, 137).
En conclusion, il est heureux que l’Eglise redise aux chrétiens que le « bien commun universel », celui de la « famille humaine » tout entière, doit toujours prévaloir sur les intérêts particuliers ou nationaux.
Source: Equipe du Ceras , « Crise financière : les propositions de l’Eglise », La fabrique de la doctrine sociale, Ceras - revue Projet. URL : http://www.ceras-projet.com/index.php?id=2554.
Egalement: Campagne "les paradis fiscaux" CCFD