Pour que j’aime un livre, l’histoire doit être intéressante et le texte bien écrit. Les détails historiques sont si bien immiscés dans le déroulement, on croirait que vous y étiez, à regarder agir les personnages dans leur environnement. J’ai rarement lu des romans qui se déroulent dans le Montréal de cette époque, c’est un vrai plaisir.
Je ne jouerai pas à la critique littéraire, mais sincèrement, je pense que vous êtes une grande écrivaine : tous vos personnages ont une personnalité, et celle-ci évolue sans se trahir. Vous réussissez à penser en jeune femme, en mère, en fils, en enfant, en homme, tout ce qu’ils pensent est vrai et propre à chacun.
Les sentiments, les émotions, les petits gestes du quotidien : magistral.Après de tels commentaires, comment croyez-vous que je me sois sentie le reste de la journée? Au début, je croyais que c’était tellement fort que ça fondrait comme une première neige, mais non, une véritable poudrerie et les congères formés me cachaient la vue à tout autre activité. Je n’ai pas cru tout ce que la lectrice conquise a écrit, ce n’est que sa vision, ce n’est qu’une première évaluation, quand dix personnes me diront la même chose, peut-être le croirais-je. J’ai reçu d’autres compliments, que des réactions positives, mais rien d’aussi détaillé. Et puis je connais cette lectrice, une lectrice consciencieuse, si elle prend la peine de l’écrire, c’est qu’elle le pense vraiment, alors ça m’oblige à y croire aussi. Sauf qu’un avis, même dix du même acabit ne font pas du roman un best seller ou un chef-d’œuvre. Ce qui remet (encore) en question le pourquoi je tiens à publier ou le pourquoi je fais des séances de dédicaces, le pourquoi je vais dans les Salons du livre. Pour recevoir ce genre de lettres? Pour être vue, reconnue, vedette? Quand serai-je satisfaite en tout? Voudrais-je être un Réjean Ducharme : écrire, être publié, ne pas être vu, mais être reconnu? Je crois bien que je n’aurai jamais la réponse, parce qu’on ne finit jamais de se connaître et de se chercher.
Les dialogues sont justes, moi qui suis auditive, je les entends parler. Le ton est adapté à l’époque, le langage aussi, sans lourdeur.
Les détails des lieux, extérieur et intérieur, les couleurs, les textures, les sons, les odeurs, vous avez pensé à tout.
Mais ce qui importe le plus sans doute, ce qui fait qu’on a envie de continuer, c’est qu’on s’attache à ces personnages, ils ont corps et âme, on aimerait les rencontrer. Je me sens près d’eux, ils sont comme nous.
Et ce n’est pas la lumière au bout de la route qui est importante, c’est la route parcourue. Ma lectrice conquise a fait ma journée... et ma semaine, je pense bien.
(tableau d'Adolf Fényes, photo empruntée au site http://www.kieselbach.hu/fitpic.html?/images/mutargy/3437/1.h500.jpg)