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Intégrisme, tolérance & rêve...

Publié le 02 novembre 2011 par Adamante

Conte de la toile 10

Les Esprits tout de même !

Voilà que ces individus d’habitude ont décidé de changer.

Me voilà à peine éveillée, que j’entends un grand « Boum » aux infos : on a fait brûler Charlie Hebdo.

Les oreilles se dressent.

Qu’a-t-il dit le Monsieur qui cause dans le poste ? Charia hebdo ? 

On a plus le droit de plaisanter avec les saints maintenant, avec les dieux, avec tout leur saint frusquin, sans que ce soit un blasphème puni par le feu.

Autodafé s’écrit en lettres de flammes vengeresses sur le ciel parisien, celui de la République avec sa jolie devise :

"Liberté, Égalité, Fraternité" auquel je rajoute "Laïcité".

Désuets les mots n’est-ce pas ? j’avoue, des mots qui ont désormais le visage des promesses électorales, propres dessus, sales dessous, ou carrément inexistantes, des chimères.

Soudain un esprit me demande :

« Dis-moi, moi qui ne crois qu’à la déesse Bastet, comment puis-je faire un blasphème en critiquant l’église, l’islam ou les autres religions, puisque je ne n’ai pas de religion ? »

Là, je tousse, vivre avec des Esprits n’est pas chose aisée, la question est pertinente, mais que voulez-vous donc que je lui réponde ?

Moi non plus je n’ai pas de religion avec tout ce qui va avec comme les écrits, les rails, la façon de faire, de s’habiller, de manger, les horaires, les interdits, la nécessité de faire du prosélytisme pour être certaine d’avoir raison…

Alors, prise d’une inspiration subite je lui réponds :

« C’est peut-être que l’on est déjà soi-même  un blasphème par le simple fait d’être comme ça, libre et que ça dérange, »  et je rajoute,  « il fut un temps où toi et moi on nous aurait brûlés ensemble sur un bûcher pour la plus grande joie des braves gens bien pensants qui seraient venus se régaler du spectacle.

Toi, on aurait pu aussi t’enfermer dans un sac de jute et te jeter du clocher d’une église pour t’apprendre à ne pas adorer le diable et moi on m'aurait enfermée dans  un même sac lesté de pierres et jetée à la rivière ."

L’Esprit blêmit, de toute évidence il est bouleversé et je me dis que j’y suis peut-être allée un peu fort.

Je me dois d’atténuer un peu mes propos, lui expliquer qu’ici il ne risque rien, que tout ça c’est fini, bien fini… bien fini ?

Soudain je suis dubitative, pas si sûre au fond, quand une poignée d’intégristes catholiques manifestent (voir la vidéo) contre la pièce de Romeo Castellucci « Sur le concept du visage du fils de Dieu » au théâtre de la ville et qu’une poignée d’intégristes musulmans sont soupçonnés d’avoir incendié les locaux d’un journal, on a peut-être intérêt à demeurer vigilants.

Le germe de l’intolérance est là qui couve et se tient prêt à  croître au moindre souffle favorable.

J’en suis là de mes réflexions lorsque l’Esprit me demande :

« C’est quoi le diable ? »

Là, j’abandonne, ce serait trop long, il est trop tôt pour entrer dans les considérations fort personnelles du bien et du mal, surtout moi qui crois à la complémentarité des choses et à leur nécessaire maîtrise pour atteindre l'équilibre.

Mais je ne peux laisser cette question sans réponse, alors je dis :

« Le diable c’est une sorte de chèvre toute noire, avec des cornes qui fument et des yeux de braise, qui court la nuit pour tirer le drap des braves gens quand ils dorment et leur faire des propositions malhonnêtes en échange de leur âme ! »

L’Esprit me regarde alors bizarrement, de toute évidence il se demande si j’ai pu abuser d’une substance illicite qui aurait pu modifier mon comportement.

J’en profite pour disparaître dans la cuisine et me faire passer un café.

Quand je reviens, la tasse à la main, ils sont là, autour de notre livre de légendes personnelles.

Ils me signifient que l’actualité de ce matin c’est trop, qu’ils veulent instiller un peu de rêve dans ce monde de brutes mal dégrossies.

Je m’écrie :

« mais ce n’est pas l’heure ! »

Pas un poil ne bouge, les yeux restent plissés, à peine une fente pour me fixer avec détermination.

Je craque, comme toujours, je craque. Les Esprits ont une force qu’il serait vain de contrer.

Le livre qui ronflait se réveille en froissant ses pages d’un air guilleret, en voilà un qui se réveille de bonne humeur et il est de mèche avec les Esprits.

Voilà, je n’ai plus qu’à lire.

J’ouvre une page au hasard, bien que je commence à me demander si ce mot n’est pas plus menteur que les autres… Mais bon, j’ouvre, au hasard.

Une petite fille, à qui  sa maman a offert une drôle de chose  qu'elle tient entre ses mains, apparaît sur le blanc cassé de la page.

C’est un soleil, avec tout plein de rayons, 68 pour être précis, tous différents les uns des autres mais tous unis dans la lumière, tous unis dans la tendresse et l’amour.

Un titre s’inscrit en lettres d’espoirs, il est beau comme un jour de printemps ou une nuit étoilée :

« La boite à rêves »

et là j’oublie, le feu, la mort, les menaces, les craintes…

Savez-vous, nous dit le livre, que la plus grande force au monde est l’amour ?

Écoutez !

Nous tendons l’oreille, on dirait un battement de cœur, au début il est presque inaudible car le cœur semble faible, mais peu à peu le son enfle, le cœur s’emballe, il rythme sa vie sur l’espoir et tout devient sourire.

Au centre du soleil apparaît un point rouge, rouge comme la vie, rouge comme le sang qui pulse et nourrit.

Alors je comprends, quelque part, un enfant malade attend que sorte de cette boîte à rêves, son rêve, son espoir, devenu enfin réalité, grâce à nous qui avons entendu son message.

L’entendez-vous ce cœur qui appelle ?

Frappez à la porte, c'est ici, vous verrez, c’est magique.

Couverture_Boite_a_reves.jpg

Lui répondrez-vous ?

©Adamante


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