AMÈRE INDIENNE
Amère Indienne. Âme indienne, mère violée.
Terre si lointaine, terre des errances,
Cheval sans tête, peuple en déshérence.
L’entreprise de désolation œuvre encore,
Le sang est noir qui charrie les morts centenaires,
Cheval fantôme de la mémoire ancestrale, œil fou,
Rompu, crevé, membres équarris par l’histoire.
Amère Indienne. Âme incertaine, cerne violet.
Femme-oiseau si triste, flamme qui meurt.
Cheval mystique, peuple de clameurs.
Filles des filles, vous gardez les histoires en cœur,
Celles du temps où les vies étaient cercles parfaits,
Chevaux dans le ciel, œil rond, temps du retour,
Brisés, palpitant sous l’écorce du malheur.
Amère Indienne. Âme humaine, haute volée,
Oiseau Tonnerre, éclairs de mauve,
Cheval de feu, peuple de l’aube.
Emmanuel Merle, Amère Indienne, Editions Gallimard, Collection blanche, 2006, page 95.
■ Voir aussi ▼
→ (sur arald.org) un entretien avec Emmanuel Merle. Un entretien réalisé par Yann Nicol
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