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Quand t’es due pour l’amour
Ok tout le monde, je suis légèrement stressée, ça me prend un pseudonyme. J’haïs ça, je trouve ça quétaine à l’os, mais je me suis mise à angoisser à l’idée d’être démasquée. Bien sûr, Papi et Mamie Poubelles ne risquent pas de tomber d’eux-même sur ce blogue. Mais quelqu’un de leur entourage le pourrait. Les Nettoyeurs le pourraient! On leur charge 10$ par mois pour squater notre réseau… Ils pourraient avoir envie de nous googler, ou pire, d’accéder à nos données! Et je ne vous ai pas encore parlé de Monsieur Paranoïa. Il a l’air super branché, M. Paranoïa. Il a une femme, des enfants et forcément, un réseau social. C’est peut-être votre beau-frère, qui sait? On pense qu’on est anonyme, mais « de nos jours, on peut plus se fier! » C’est pas moi qui le dis, c’est Mamie Poubelle. Et la preuve, on a tous, un jour ou l’autre, vécu quelque chose du genre sur facebook: tu te rends compte que ton vieux pote de maternelle est ami avec ton masso-thérapeute sans que tu l’aies jamais su, ni que tu comprennes comment. Non non. Il faut que je fasse quelque chose, pis vite.
Pour tout vous dire, c’est aussi que la semaine prochaine, j’ai une entrevue pour la revue Urbania. Oui oui. Prout prout, une entrevue! Ils font des portraits de blogueurs et mon fabuleux chum, maître incontesté du web et promoteur numéro un de ma grande carrière de blogueuse a twitté mon blogue en disant: « je pense qu’Urbania aimerait ça ». Ils ont répliqué en 15 minutes. C’est ÇA la magie du web 2.0. J’ai bien compris. Ma belle-soeur serait fière de moi. Toujours est-il que ce portrait de blogueur pourrait entraîner une plus grande affluence ici et pif paf, en moins de deux, tous mes voisins pourraient être mis au courant de mon hypocrite entreprise. Vous imaginez la belle ambiance. Plus personne ne viendrait sonner le jeudi matin pour nous éviter un ticket. Parenthèse à ce sujet: jeudi dernier, fidèle au poste, M.Net 1er (le patron) est venu sonner pour nous avertir qu’il était neuf heures moins une et, alors que, paniquée, je cherchais mes clés en le couvrant de remerciements, il me dit: « si vous voulez, donnez-moi un double, je vais tout simplement la changer de place moi-même chaque semaine! » La honte. Le pire, c’est qu’il était vraiment sincère.
Donc voilà, j’ai besoin d’un nom d’emprunt. Et tant qu’à me protéger, je me dis, autant protéger mon chum. C’est vrai, quoi. Nous vivons sous le même toi; lui aussi a le droit d’être under cover. Et pour être raccord avec les Poubelles, il faudrait que nous ayons le même nom. Ce qui me conduit tout droit à une appellation déjà utilisée par une de nos amies, Madame Poésie: Monsieur et Madame Bine, en référence à Mr Bean, en référence à notre côté légèrement maladroit et, en de rares occasions, clownesque.
Les Bine. C’est pas que ça me ravit, mais faut pas se compter d’histoires, ça nous va plutôt bien. On s’enfarge dans tout, on renverse le verre de l’autre, on lui envoie des coups de coudes au visage, et on le blesse en dormant. Ce genre de choses-là. Tout ça, dans un amour tendre et total, même si on est toujours convaincu que l’autre est pire que nous. Une fois, on est tombés par terre en s’embrassant. Sans aucune intention de se retrouver à l’horizontal. On a juste perdu l’équilibre en même temps, je sais pas. Une autre fois, Monsieur Bine a voulu me prendre en mariée pour m’éviter la descente abrupte d’un pit de sable et il m’a échappée. Ça m’a fait très mal, mais je ne lui en ai pas voulu longtemps parce que moi, je l’avais brûlé quelques semaines au paravant en voulant réchauffer son bain à court d’eau chaude avec l’eau d’une bouilloire.
On est comme ça. On joue des parties de Bocce à l’envers, on se perd dans le bois et des fois, on s’habille pareil sans faire exprès. On a aussi un peu trop peur des voleurs et des bandits, mais ça, c’est une autre histoire. On cherche pas à être drôle ou à se faire remarquer; On est juste souvent off beat. En dehors de ça je vous jure qu’on est normaux.
Je ne sais pas si c’est parce que notre relation a commencé autour d’un jeu à boire pas romantique du tout qui implique de la téquila, du sel dans le cou et un citron entre les dents d’un inconnu et que, de l’extérieur, rien ne nous laissait soupçonner tout l’amour qui nous attendait, mais quand je regarde mon Monsieur Bine nous patenter un cinéma en plein air dans la cour, avec un drap sur le mur du cabanon, les haut-parleurs sur le ciment et le projecteur dans la fenêtre, quand je me vois faire exploser du maïs soufflé partout en utilisant la machine à pop-corn qui remplace le micro-ondes (qu’on a brisé en fonçant dedans alors qu’on dansait dans la cuisine), quand on s’embrasse systématiquement, comme des beaux niaiseux, quand les acteurs du film s’embrassent, je souris et remercie secrètement la vie.
Demain (ou plutôt aujourd’hui), Monsieur Bine aura 25 ans. Ça aussi, j’imagine, ça nous donne un petit zeste de différence. 25-33, on voit pas ça souvent. Pas dans ce sens-là, en tout cas. Socialement, c’est légèrement excentrique.
Pour son anniversaire, je voudrais lui dire ici, sur ce blogue qui existe grâce à lui (sinon j’aurais juste continué à m’écrire des statuts abusivement longs) combien je l’aime, d’un amour joyeux et grandissant, et combien je suis fière, tout compte fait, d’être une Madame Bine. Parce qu’être Madame Bine, au-delà des accidents, des maladresses et des dégâts, c’est d’abord et avant tout, marcher au bras de Monsieur Bine.
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