- Ma Mère : Tu sais, il faut jamais trop se faire remarquer…
- Moi : Ha oui !? Et quoi ? Faut juste fermer sa gueule alors !?
- Ma Mère : Non, non, mais il faut juste être comme tout le monde.
- Moi : Mouais, être comme tout le monde, moyen quoi !
“Préférez-vous les films d’aventures ou les histoires d’amour ?“.
J’ai été contacté la semaine dernière par une agence de recrutement. Ils avaient trouvé mon CV sur un site d’emploi et ils l’avaient jugé potentiellement intéressant. J’ai donc passé l’entrevue mercredi dernier et j’en suis sorti assez retourné. Je m’attendais à la plupart des questions, là n’est pas le problème. L’entretien s’est relativement bien passé même si, pour diverses raisons, il n’a abouti sur rien de concret. Il m’a rassuré et m’a étonné, car, pour la première fois, j’ai entendu de la bouche de quelqu’un d’autre ce que je pense de moi depuis des années.
“Avez-vous une crainte ou une avertion pour les insectes et les araignées ?“.
J’ai toujours été sceptique aux tests de personnalité et aux gens qui se disent “chasseur de têtes”. Il semblerait qu’ils soient en fait tout ce qu’il y a de plus honnête. Leurs “patients”, eux, peuvent se montrer menteurs ou manipulateurs, mais l’intention première, celle d’évaluer la personnalité professionnelle d’un individu n’est finalement pas bien méchante. J’ai donc choisi l’honnêteté et la franchise pour cette expérience et je ne le regrette pas. J’ai beaucoup ri mardi dernier lorsque j’ai consciencieusement rempli le questionnaire de trois cents questions destiné à dresser mon profil psychologique. À priori, rien de bien marquant. Quelques questions sur mes goûts personnels, sur ma sensibilité. Je rigolais doucement et me demandais comment ils arriveraient, sur base de ces questions idiotes, à me mettre dans une petite case. Et pourtant…
“Supportez-vous la vue des ongles sales ou les odeurs de sueur ?”
On est bien peu de chose. Soumis à l’analyse, on est encore moins. Après m’avoir demandé mon avis sur ma personnalité, mes qualités et mes défauts, elle me sourit et me présenta un petit graphique imprimé, un carré de neuf sur neuf sur lequel trois colonnes étaient mises en évidence délimitant des zones grisées, tantôt à gauche, tantôt à droite, parfois au milieu. Elle me jugea ouvert et volontaire mais parfois distrait et inquiet. Sérieux quand il le faut, peu social au premier contact mais très humain par la suite. Elle m’annonça que j’avais très certainement des problèmes avec les deadlines et avec le fait de dire “non” et que, pour moi, la limite entre vie privée et soucis professionnels était très floue. Enfin, elle me confia que travailler avec moi devait être un plaisir en raison d’un profil tolérant et très humain, sensible et courageux. “Vous êtes un romantique ?“. Probablement…
C’est incroyable comme on peut se faire réduire à une figure de neuf sur neuf et comment celle-ci peut vous renvoyer l’image exacte que l’on se fait de soi. Je n’y croyais pas trop. Me voilà percé. J’ai des extrèmes dans la zone des sentiments à gauche du tableau. On y trouve un peu trop de gris. La colonne de droite est presque vide et c’est tant mieux car je n’ai pas les dents longues, j’aime les gens et je les respecte. Peut-être devrais-je songer à me modérer pour sagement revenir au centre. Un employeur privilégie l’engagement d’une personne moyenne, ni trop à gauche, ni trop à droite. Plus largement, si je pouvais me sentir bien dans ce juste milieu, éclipser parfois mes sentiments, suivre la voie de la raison, je serais peut-être plus heureux.
Je ne sais pas…