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Tremblements

Publié le 10 novembre 2011 par Cathy Reinold

Je n’irai nulle part  sans toi

Ils me parlent d’un petit frère mort je dois raconter l’histoire en pleurant

J’ai du chagrin

Mon cœur va exploser

Je n’ai pas envie d’aller à l’école je m’ennuie je rêve j’écris des poèmes

Je n’irai nulle part sans toi

Je t’aime tout le temps je te vois partout je t’emmène dans mon cartable tu es l’encre de ma plume

Je ne vivrai pas sans toi je n’avancerai plus d’un seul pas

 Je ne consentirai à rien

J’ai du chagrin je raconte l’histoire en riant sont jolies mes allumettes j’allume partout des incendies  je veux que tout disparaisse

Tendresse écorchée je suis ton ange gardien prends soin de moi je n’ai aucune envie de parler à un autre que toi aucun désir sans toi je veux ta main sur ma peur sur ma peau je veux ton regard et tes mots

Point de respiration sans toi ton souffle m’insuffle la vie

Je ne marcherai plus j’ampute mes jambes  je décille  mes yeux j’étouffe les heures

Je vends mon âme pour une parcelle de ta main

Non  je n’irai nulle part sans toi

Ecorchée je ris écorchée je vis trouée le vent me traverse

  

Des fêtes pas de victoires à l’horizon

   Point de caresses des points pour suspendre le cœur

  J’enrage de ne jamais savoir nicher mon cœur le ranger en faire une petite cachette pour le moineau trapéziste

Oraison funèbre de mon amour  Ô raison funeste des bris de raison la folie s’invite

Mon cœur un glaçon fond au soleil ma peau brûlée par la neige

N’ai-je été tout et son contraire douceur et dureté fiévreuse et glacée sauvage et avenante

Le froid me mine m’anime m’enivre je m’ouvre à la chaleur de ton corps nue greffée dans le froid je suis couverte de ton silence

Dans tes quatre murs devine les tremblements les tremblements des arbres des oiseaux de mes mains

Mon corps tressaute sous tes mains l’hypothèse d’un Dieu est dans mon désir

Frêle frémissante je me donne aux vagues de la nuit mer sur laquelle je vogue en écoutant ton écho

Infime infirme mes jambes ne me mènent pas sur ton chemin

J’épelle ton nom en vain divin

Non je n’irai nulle part sans toi

Je reste assise attentive patiente esthète des tremblements

Dessine les coquelicots en sang de juin

Parle à la petite sirène de mon corps

Cours les rues cherchant partout ta présence

Invente des gestes pour quand nous aurons d’autres mains

Dits vains

Le silence est de mise

Tout tremble mais nous sommes occupés avec les chiffres jonglons avec eux perdons avec eux

Nous n’avons pas le temps de recevoir la balle balbutiante lancée par l’inconnu

Elle ricoche se cabre ne veut pas disparaitre et se soude à l’eau du néant

Cœur fier ne plie jamais cœur de fer

Seule la flamme

Ce chemin n’est pas celui d’aimer

Peau soie cœur verre âme d’acier

Matières qui tissent mes accidents

Criante pour creuser un sens

Absurde absence alors que je n’ai fait qu’ouvrir ta présence

Souffrance incessante arrachée de tes bras je comble le vide par de petits riens

Marche à l’affût les yeux piquants les oreilles aiguisées aux aguets sur le qui-vive vois tout entends tout

Siffle par mégarde le chant du cygne

Dernière heure venue

Pour aimant le silence illisible où je cisèle mes rêves

Oiseau meurtri en plein vol cage de Magritte

Suspends le temps

Réfugiée dans le rêve puise le silence lieu de la distance

Distance et pourtant de plain-pied je suis allée à la nage vers mon atlantique

Je ne suis allée nulle part sans toi

Je suis restée couchée le visage blanc

Entre quatre murs j’ai parcouru les sillons noirs de mes pensées rayées

J’ai perdu mon temps comme une alcoolique farouche féroce

Il ne fallait pas m’empêcher de perdre mes heures

Nul emploi du temps au jour le jour à la nuit la nuit à la guerre comme à la guerre

Pleurs cris désirs mots balbutiés sans suite je griffe la nuit pour enfin voir la chair du jour

Heurts sans fin gémissements de bête timide

Avec mon minois d’enfant perdue

Retenue mais qui me retient ?

Ravie quel est le ravisseur ?

Réservée  qui m’a réservée ?

Eperdu qui m’a perdue

Quel songe incroyable que celui d’écrire faire alliance avec le silence

Ce qui s’imprime ne s’exprime pas

Muette jusqu’au bout pesant puisant épuisant le néant

L’art n’est pas dans les musées dans les livres dans les théâtres

L’art est dans une chambre où chaque geste conte l’éternité

Les artistes ne se donnent pas de nom visiteurs d’un monde où ils glissent

L’art est ce qui nous a fait cesser de vivre

La vie est dehors avec l’herbe qui pousse et cette écoute ne devrait pas être inscrite elle devrait tout simplement être là

Occuper sa présence habiter le monde comme un damné quelle issue si ce n’est la folie

Je ne tourne pas rond

Inconnue de mes pairs j’erre les mains ouvertes en spirales mouettes rieuses

Blessée et mon rire pourquoi l’écrire suspendue j’avance équilibriste je tombe

Je ne suis allée nulle part sans toi

J’ai contemplé le monde avec le visage ovale de petits yeux rieurs les mains fines je ne croyais en rien à part en la beauté du monde

J’attendais tout je n’attendais plus rien

J’ai fermé ma porte à clef j’attendais la fin je l’ai mise au défi

La fin n’en finit pas

Les nuages qui passaient n’en finissaient plus d’être merveilleux

Trop de yeux trop d’oreilles trop de bouche trop de peau

Je n’en finis jamais de sentir la musique

Je tiens une paume de ta main de plus en plus disparue

Assez dit faire défaire et ainsi de suite l’invisible est pour les voyants

Voir ce que je ne crois plus voir une voie dans l’indicible vie voir sans voir pour rester leurré de ses visions

Le geste plus infini que le mot

Effritement du sens beauté de la danse

Le geste est fidèle le mot enfume volutes des phrases

Et je m’enfuis dans les hauteurs

Je meurs de mes cris non criés

Je meurs

Je revis je ne sais comment

Je conduis une voiture la nuit un couple de vieillards me fait une queue de poisson je crois être dans un cauchemar je n’ai plus jamais conduit sauf mon bateau de fortune en mer

Oui j’irai seule sans toi

La glace me pousse sous la nuque

Mon corps troglodyte tremble

Je me couvre de livres je dors des siècles

Je m’enfuis à chaque main ouverte

Je ne vois personne je suis aveugle je pleure à l’intérieur

Je dors des millénaires

Je chante parfois et ma voix réveille un autre mais cet autre je ne le vois pas

Tournant le dos à l’agitation des millepattes

Combien de temps encore faire tout et son contraire

Avancer d’un pas renoncer de trois faire n’importe quoi avec n’importe quand dire n’importe quoi n’importe comment

Règne du mensonge de la parole sans parole jurer et parjurer jouer et déjouer

Aimer des aimés

Descendre d’un train en prendre un autre plus rapide

Vivre en courant pour aller plus vite que la musique sans point d’orgue

Apprendre par cœur un nom et le jeter aux oublis

Oublier ce qui ne doit pas s’oublier humains sans mémoire humains sans histoire dépossédés de leurs rêves

Le courage d’aimer l’appel de l’être à chérir

L’être difficile fermé ouvert à sillonner

Un être ailleurs à découvrir petit à petit un être entr’ouvert

Petit à petit

Un être s’ouvre

Un être qui t’as trouvé

Petit à petit


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