Verdun, dessin du front
Fernand Léger
« Vraiment la guerre est une chose bien bizarre […]. Ces 18 mois passés ici ont été très durs […]. Je le sens par tout, par mes lettres qui sont de plus en plus longues à ceux que j’écris. C’est formidable ce que j’aurai écrit pendant cette guerre. Heureusement que j’avais cette diversion. J’y serais crevé sans cela […]. Jane a de moi 30 lettres par mois, des lettres quelquefois de six pages. Toi, tu en as pas mal. Mare quelques-unes aussi et d’autres à des étrangers […]. J’ai un très grand plaisir à écrire. C’est le seul que j’aie […]. Ça me donne de l’air, comprends-tu, je respire mieux. […] J’ai besoin de cela. Il faut que je le fasse »
« Les débris humains commencent à apparaître aussitôt que l’on quitte la zone où il y a encore un chemin. J’ai vu des choses excessivement curieuses. Des têtes d’hommes presque momifiées émergeant de la boue. C’est tout petit dans cette mer de terre […]. Les mains surtout sont extraordinaires […]. Plusieurs ont les doigts dans la bouche, les doigts sont coupés par les dents. J’avais déjà vu cela […] en Argonne, un type qui souffre trop se bouffe les mains ». 9 10 « Je ne puis absolument pas te décrire cela. Ceux qui veulent le faire font de la littérature et de la mauvaise […]. On n’est pas seulement tué par obus ici, on se noie aussi. […] Eh ! Bien, mon vieux, dans tout cela, dans ce mélange de viande pourrie et de boue, des fantassins commençaient un peu au-dessus à creuser de nouvelles tranchées ! Ils recommençaient. Ce recommencement au même endroit par ces hommes-là, tu ne trouves pas cela formidable ! Eux, ils ne le trouvent pas. Ils faisaient leur boulot tranquillement » Fernand Léger, Une correspondance de guerre
lettre de 1916 adressé à son ami Louis Poughon
« Ton souvenir, la pensée de la joie qui se prépare pour nous, arrivaient encore à moi, mais comme d’au-delà des ténèbres. C’est effrayant de dépendre autant que cela du milieu où l’on est. Mady, ce n’est pas un être humain que tu vas épouser. […] je suis tantôt une bête, tantôt une plante, tantôt un minéral, jamais un être humain » Henri Fauconnier
Lettres à Madeleine
Lettre du 18 Février 1917