Automne

Publié le 13 novembre 2011 par Journalvernois


La fin de l’année s’approche à grands pas et je peux d’ores et déjà dresser un bilan; et il n’est pas fameux. Le revenu annuel espéré n’est pas au rendez-vous. Encore une année à travailler, à se faire du souci, pour peu de profit . Cette fois c’est la météo qui en est la principale cause et ce n’est pas facile de lutter contre, si ce n’est de se débrouiller et faire pour le mieux.
La sécheresse du printemps exceptionnellement chaud que nous avons connu m’ a privé du fourrage destiné à l’hivernage des animaux. Le temps gris et humide de juillet a permis d’éviter la grosse catastrophe car les prés ont pu reverdir. Mais depuis août, notre région, notre coin, devrais-je dire, n’a reçu que d’infimes quantités de pluie, des « queues » d’orage; Cela n’a donné qu’une eau superficielle qui a entretenu la verdure sans donner une croissance valable à l’herbe. De bonnes précipitations m’auraient pourtant permis de me rattraper un peu en récoltant du regain ou une culture dérobée comme cela a été le cas à quelques km d’ici J’avais choisi d’ensemencer après la moisson 4 ha d’un mélange avoine- vesces de printemps . Une bonne averse le lendemain du semis avait permis une belle levée rapide de la culture laissant envisager une possible récolte. Ensuite plus rien ou presque. Ce qui fait que je n’ai récolté que 24 balles enrubannées. une misère, quoi! ….mais des frais.
Alors il m’a bien fallu pallier ce manque. J’ai acheté de l’orge au moment de la moisson. J’ai fait rentrer de la paille, 2 camions-remorque de 20- 21- tonnes chacun (entre 2000 et 2500 euros le chargement). dernièrement je me suis rendu dans le Jura et j’ai trouvé et acheté environ 10 tonnes de regain. Là-bas ils n’en manquent pas; encore 1500 euro environ
En ce moment je dois nourrir au pré. L’herbe se fait rare. Je ne peux que donner de la paille. Mais celle-ci n’a aucune valeur nutritive. Alors je l’asperge de mélasse, un sous-produit des sucreries, enrichi en protéines, qui donne un peu de qualité et d’appétence. Un container de 1000 litres (400 euros) est vite écoulé, toujours des frais. Pas plus tard qu’hier j’ai passé commande d’un aliment granulé riche en tourteaux divers ,luzerne,pulpe de betterave….etc (264 euros/tonne ) pour distribuer l’hiver avec les céréales dont je dispose. Ce mélange donné aux animaux avec de la paille, pour l’encombrement et la rumination, est censé remplacer l’alimentation produite habituellement sur la ferme. Je ne sais pas combien il m’en faudra pour attendre le printemps. Encore des frais.
Tout cela fait mal au compte en banque et je ne suis pas seul dans ce cas. Je pense que bon nombre d’exploitations vont se retrouver en très mauvaise situation financière à la sortie de l’hiver.
Mais rien ne sert de se plaindre, je n’aime d’ailleurs pas trop cela, ce n’est pas dans mes habitudes; Je vais donc terminer sur une note positive. On vient de recevoir 70 – 80 – mm de pluie. Le niveau de l’Arroux que je ne crois pas avoir vu aussi bas en novembre a fait un bond d’un mètre. il est bien sur redescendu mais la rivière coule quand même plus fort. On peut enfin labourer pour réaliser les semis d’automne ce qui était impossible ou presque dans certains terrains. Maintenant il fait beau et doux, les animaux sont bien au pré et paradoxalement je ne souhaite plus de pluies importantes et persistantes qui m’obligeraient à rentrer rapidement une bonne partie du troupeau.Pourtant je l’ai assez attendue ,cette pluie!
Autre note positive, la vente des bovins est très active et les cours ont bien progressé depuis quelque temps. Du coup je me suis séparé d’un maximum de bêtes à des prix corrects, anticipant parfois certaines ventes de plusieurs mois. Je devrais dire « à des prix que l’on n’a pas connu depuis longtemps » mais qui restent encore inférieurs à ceux que l’on a connu il y a ………20 ans. Ces bêtes vendues, pour lesquelles j’ai pourtant de la place dans les bâtiments auraient peut-être pris de la valeur d’ici le printemps mais auraient coûté cher à nourrir pendant l’hiver. Alors……. Certains diront que j’ai « vendu le blé en herbe » mais comme ça le problème est réglé.
Moins d’animaux donc moins de travail, moins de souci, moins de dépenses, j’envisage la « mauvaise saison » avec plus de sérénité

A bientôt