Je m'ennuie de ma belle amie Marie-Soleil Tougas

Ça fait un bon moment que je suis passée par ici. Le temps se bouscule ces jours-ci pour moi, tant de choses à faire...

Dans ce billet, j'ai envie de vous parler d'une amitié privilégiée que j'ai eu la chance de vivre, mais qui s'est terminée brusquement, un après-midi d'été, en août, alors que j'avais 28 ans, elle en avait 27. Ma belle amie, la comédienne, actrice et animatrice Marie-Soleil Tougas était victime d'un accident d'avion avec son amoureux.

Les plus jeunes d'entre vous ainsi que mes visiteurs de l'étranger ne la connaissent probablement pas. Je peux vous témoigner qu'elle était une femme d'exception, une amie sincère, une actrice et animatrice professionnelle, une personne généreuse, une fille audacieuse et téméraire, une amoureuse de la vie. Pour vous, c'était une personnalité publique, mais pour moi, elle était avant tout mon amie.

C'était la première fois que je perdais une amie de cette façon. Malgré le temps qui passe, je m'ennuie terriblement d'elle. Je m'efforce dans ces moments là de me remémorer nos moments privilégiés que nous avons vécu ensemble, et ça me donne le sentiment étrange qu'elle est encore là. Comme si c'était hier. Peut-être que ceux et celles qui ont perdu un ami ou une amie proche comprennent ce sentiment, cet état du coeur.

Depuis le début du printemps de cette année, elle me manque particulièrement. Je pense à elle très souvent, presque tous les jours. Le 3 mai prochain, elle aurait célébré ses 41 ans. Que serait-elle devenue ma belle amie? Mère de famille? Elle qui aimait tant les enfants...Une actrice accomplie? Une aventurière assagie? On ne le saura jamais, mais je suis certaine d'une chose, elle était douée pour le bonheur et son bonheur qui était contagieux aurait sûrement atteint les plus pessimistes d'entre nous.

Pour garder intacts dans ma mémoire et dans mon coeur des petits moments simples de joie, des souvenirs de bonheur et d'amitié authentique avec elle, j'aime à me souvenir...

... de notre dernier souper au sushi sur la rue Laurier, au cours duquel elle m'avait confié un énorme secret que j'ai toujours gardé en moi, en reconnaissance de cette confiance qu'elle m'avait manifestée lors de cette confidence. Un moment dans lequel on se sent tellement important pour l'autre.

... de la dernière fois que nous avons partagé un repas chez elle, dans son appartement-pied-à-terre en-ville de la rue L'esplanade. Elle n'avait tellement rien dans son garde manger, trop occupée pour cuisiner. Ça me faisait sourire. Nous avions mangé des pâtes coquilles avec sauce tomate dans laquelle on avait ajouté un peu d'origan séché. C'est pas mal ça qui restait :) et une bouteille de rouge. Elle revenait d'un shooting photo et si ma mémoire est bonne, je crois que c'est le shooting de la photo que l'on retrouve sur la couverture du livre que sa mère a écrit sur sa fille chérie. Elle avait les cheveux remplis de fixatif, qu'elle s'amusait à décoiffer et à mettre en broussaille comme pour mettre fin à cette journée de travail. Son maquillage avait déjà noirci le dessous de ses yeux, elle riait, elle se détendait!

...de son voyage en Australie, duquel nous avions reçu une carte postale.

.. et aussi de son retour de la Grèce, elle était venue à un party d'été que nous avions fait à la maison. Resplendissante, nouvellement célibataire, les cheveux rasés blonds platine! Des histoires et des rencontres de voyage plein la tête. Lors de ces voyages, elle se sentait tellement libre de faire ce qu'elle voulait. Même flirté :) ...

...du baptême de mon fils Simon, elle est arrivée en retard à l'église, elle arrivait de la chasse au chevreuil d'avec Jean-Claude. Elle portait des grosses bottes de fourrure! Et dans sa jeep, gisait la bête, car la chasse avait été fructueuse... Et elle m'avait offert un joli vêtement pour bébé et un forfait massage pour maman et papa. Attentionnée mon amie...

...de ses becs secs qu'elle donnait à ses amies sur la bouche, comme à une cousine ou à une soeur. Un signe de complicité, d'intimité et d'amitié...

...de ses fous rires pour tout et pour rien, de ses larmes quand elle regardait mes albums photo de mes accouchements.

...je me rappelle aussi de ce méga party sushi qu'elle s'était organisé pour ses 25 ans dans sa belle maison chaleureuse d'Otterburn Park...

...quand elle était venue me visiter à l'hôpital, un après-midi de juin, quand j'ai accouché de mon premier enfant. Comme c'était à Ste-Justine, elle en avait profité pour faire quelques coucous à des enfants malades qu'elle avait déjà rencontrés auparavant dans le cadre du téléthon Opération Enfant Soleil qu'elle animait... Et 4 ans plus tard, jour pour jour, un après-midi de juin, c'est sa mère Mimi qui était venue me visiter à la naissance de mon petit dernier.

...Ses histoires d'amour avec Alain, et aussi avec Jean-Claude, que je n'ai jamais rencontré par ailleurs. Un amour atypique, un amour unique, un amour-passion.

... son message sur son répondeur: "hen hen, pas là ! Message!" que j'ai écouté d'ailleurs plusieurs fois les semaines qui ont suivi son départ...

...de la dernière fois qu'on s'est parlé au téléphone, le jour de son départ dans le Grand Nord, on avait planifié se voir à son retour d'expédition...

Et finalement, mon ultime contact avec elle en quelque sorte, lors d'une cérémonie intime un an jour pour jour après sa mort. Une poignée de ses cendres entre mes doigts, avec mon bébé de 2 mois dans les bras... Un moment unique empreint de peine, de douleur, de recueillement, mais aussi de paix face à ce départ trop rapide, trop injuste, trop violent. Merci Mimi de m'avoir permis de vivre ces moments intimes avec toi et les proches de Marie-Soleil. C'était une journée nuageuse et pluvieuse. Je me souviens que lors de cette cérémonie d'adieux, à l'heure pile où l'accident c'était produit, pendant le moment de recueillement à l'extérieur, un rayon de soleil avait percée les nuages. C'était peut-être sa façon de nous réconforter. Qui sait, j'ai interprété ce signe de la nature ainsi.

Pour moi, cette fille était mon vent de fraîcheur, ma portion de liberté, moi qui en avait plein les bras avec 2 bébés à l'époque. Et elle me prenait comme j'étais, tout simplement. Sans jugement, sans chichi, elle était authentique avec moi.

Avoir des regrets, ça ne sert pas à grand-chose quand on perd quelqu'un de cher, mais les seuls que j'ai ce sont de ne pas avoir de photo avec elle, et de ne pas avoir eu l'occasion de faire un voyage entre copines avec Marie-Soleil, elle qui aimait tant découvrir le monde.

C'est pourquoi un de ces jours, je m'en promets tout un avec mes amies de fille! Faudrait bien que j'organise ça... et je lèverai mon verre à toi Marie-Soleil, en même temps qu'un rayon de soleil transpercera les nuages.

Bonne fête à toi mon petit soleil, tu me manques xxxxx