Le plus souvent, je le regarde d'un couvert à l'autre pour en faire un survol. Puis, je retourne une à une les pages pour lires les textes des chroniqueurs mensuels que j'aime retrouver, lire et apprendre à connaitre à travers leurs opinions, humeurs, vécus, et style d'écriture qui les caractérisent si bien. Ce soir, à la première lecture, je n'ai pu m'empêcher de lire d'un trait le texte d'une habituée de ce magazine mensuel, la journaliste Anne-Marie Lecomte. J'adore son style d'écriture. Elle est touchante, drôle, sympathique, profonde, humaine, et authentique. Juste à lire ses péripéties familiales avec son entourage, ses enfants et son chum/mari qu'elle nomme affectueusement Raoul, n'importe quelle maman se retrouve et s'identifie. Ses écrits nous permettent de réfléchir, de sourire, de nous attendrir ou nous permet de poser un autre regard sur certaines situations de sa propre vie de famille, de dédramatiser parfois. On a envie d'aller prendre un café avec elle, pour poursuivre l'entretien, l'échange, le partage. Elle est notre voisine d'à côté, notre collègue de travail, notre amie.
Ce soir, son texte a eu l'effet d'une bombe sur moi en tournant la page 93 de mon magazine. Ce texte m'a profondément bouleversé, attristé, touché. Le titre et le sous titre est puissant d'authenticité et de souffrance.
Mon fils est parti sur la pointe des pieds. Il ne reviendra pas. Depuis, notre famille n'est qu'un cri.1994, c'est l'année de naissance de mon fils ainé à moi. Mon grand qui termine cette année son secondaire 5. Mon sportif, grand, beau, intelligent. Il a donc le même âge que son fils, Antonin, qui s'est enlevé la vie il y a quelques mois à peine. Le ton du texte semble avoir été écrit d'un seul souffle, d'un seul trait, sans compter le nombre de feuillets à livrer. Dans ses mots je sens son courage, son incompréhension mais aussi sa lucidité. Ça brûle de douleur, d'authenticité, de déséquilibre et de peine.
Cette lettre est à la fois un cri du coeur, un hommage, une libération, une recommandation, un conseil, un témoignage. En fait, c'est comme ça que je l'ai lu et reçu, car en fait, j'en sais rien du tout...
Un texte pour éviter que ce geste se reproduise chez nous, chez vous ou chez la voisine.
Je vous conseille fortement de le lire. C'est à la fois un baume et une douleur. Je ne sais pas si ce texte marque la fin de sa collaboration à ce magazine, mais il est certain que ses humeurs et ses réflexions me manqueront si c'est le cas.
Je vous laisse sur un extrait de sa lettre, un conseil qu'elle nous adresse, que je veux épingler sur mon babillard personnel "Consolez donc vos enfants avant de les punir.Oh, punissez-les pareil! Imposez vos limites en sautant à pieds joints d'exaspération dans la cuisine, rappelez le bon sens, les règles et les bonnes manières, en criant comme des perdus s'il le faut. Mais avant toute chose, tentez de comprendre et pardonnez. Parce qu'on ne sait jamais quelles fines blessures grêvent l'âme au fil du temps."
Anne-Marie, merci pour cette lettre, ce message, ce témoignage, et surtout pour ce conseil. Pour apaiser la douleur que vous vivez, je ne trouve pas les bons mots, mais je peux vous offrir un câlin virtuel, et transmettre vos précieux conseils à tous. Sans oublier le dernier à la fin de votre texte; Regarder nos enfants chaque jour, avec attention et bienveillance. Car quand ça va trop vite, on n'y pense plus de le faire...