Suite à mon dernier billet relatant mon premier séjour à l'hôpital, je pensais bien que j'étais au bout de mes peines... Malheureusement, je suis retournée à l'hôpital pour un deuxième séjour!
J'ai eu mon deuxième congé samedi après-midi avec en cadeau un cathéter dans le bras pour m'administrer un antibiotique à la maison pendant quelques jours. 6 doses=550$ !! On est loin du 12pc=5$ !! (Pour mes lecteurs français, référence à une publicité énervante d'un resto...écoute à vos risques!!) Mais bof... à bien y penser, je pense que c'est mieux qu'un "take out" de manger mou de l'hôpital ;)
Cependant, je dois dire que je vais beaucoup mieux, et je veux aussi tout de suite vous remercier pour vos pensées et vos bons mots d'encouragements à mon égard. Ça me touche beaucoup et ça fait beaucoup de bien.
Si vous êtes curieux, voici le récit de cette aventure qui n'a rien vraiment d'extraordinaire, mais bon. Si cette histoire banale ne vous intéresse pas, je vous invite par contre à lire plus bas le texte en vert avant de quitter cette page.
Ma mésaventure
Alors, suite à une infection de la peau autour des yeux, j'ai reçu un médicament dérivé de la Pénicilline,( dont je suis une allergique connue depuis longtemps) son cousin si on veut, auquel 15% des gens allergiques à la Pénicilline peuvent développer une réaction. J'ai gagné le gros lot! Résultat, des yeux de grenouille encore plus gros, retour à la clinique pour faire changer ma médication. Si celle-ci n'aidait pas mon problème dans les 24 heures, je devais me rendre à l'urgence. Et c'est là que la partie de plaisir a commencé...
Dimanche le 6 février dernier, comme mes yeux étaient toujours enflés, je me suis rendue à l'urgence de l'hôpital vers 10h00 le matin. Une fois passé au triage pour une évaluation de mon cas par une infirmière, j'ai attendu 22 heures!!!!! avant de voir le médecin. Tout au long de cette longue journée et de cette longue nuit en salle d'attente, j'en ai vu des gens passés. Beaucoup de personnes âgées, des enfants, beaucoup de gens bien mal en point et d'autres qui n'ont pas d'affaire à l'hôpital. Les ambulances entraient à pleine porte! L'urgence roule à 350% de sa capacité ces jours-ci. Quand on voit ça de l'intérieur, ça donne une meilleur idée de ce que ça veut dire pour les patients et pour les travailleurs de la santé. C'est un tourbillon infernal, un manque de ressources, d'espace et aussi de patience de tous.
Le lundi matin, après avoir vu le médecin, une prise de sang et 24 heures plus tard, je suis admise à l'urgence pour recevoir de la médication par injection intraveineuse dans le but de faire agir plus rapidement l'antibiotique. "Parké" sur une civière dans un corridor très passant, j'attends que ça passe comme on dit. La seconde nuit, même couchée, n'est pas de tout repos. Ça circule, ça parle fort, on se fait réveiller pour évaluer nos signes vitaux.
J'ai pas vraiment dormi. Mettons qu'à l'hôpital, on est pas l'hôtel!
Je reviens à la maison mardi en après-midi. Home sweet home! Après un long dodo de 16 heures, mon amoureux me réveille, avant que les enfants reviennent de l'école comme il me dit. Je fais une journée patate de sofa, toujours prête à faire une sieste. Je continue à prendre les antibiotiques et la cortisone en comprimés, mais dans la nuit, mes yeux recommencent à gonfler sérieusement et je fais une méga crise d'urticaire dans le visage et dans le cou. Ah! non!!! Ça recommence, et tellement plus intense! C'est insupportable, je retourne donc à l'hôpital vers 4 heures du matin. Après une attente de 2 heures je crois, l'enflure de mon visage augmentant à vue d'oeil, je suis réadmise à l'urgence pour un traitement choc avec un autre antibiotique et de la cortisone intraveineux.
Mes yeux ne s'ouvraient plus, j'ai réussi à me voir la binette dans le miroir en entrouvrant difficilement un oeil! LE CHOC! J'étais méconnaissable!! J'ai failli mettre une photo pour vous montrer mais c'est trop laid!!!! (J'en ris maintenant...) Le visage enflé plus que ma peau peu s'étirer, rouge comme une fraise, et l'épiderme en feuilleté. Même un de mes fils qui est venu me voir pour m'apporter des trucs dans la journée est passé tout droit devant ma civière tellement j'étais transformée!
Après 2 autres dodos à l'hôpital, de bons soins des médecins, infirmiers, infirmières et des microbiologistes, mon visage redevient peu à peu celui que j'ai hâte de reconnaitre dans quelques jours.
Fini le maquillage et les crèmes de madame pour un mois au moins, le temps que ma peau redevienne comme avant, avec sa protection naturelle. Précaution aussi pour contre le froid. Je peux vous dire que le ménage dans mes "cossins" est déjà fait, j'ai jeté tout mon maquillage, lavé et désinfecté mes pinceaux, car c'est peut-être ça l'origine de l'infection de la peau autour de mes yeux. Et pour les prochains produits, je réfléchi à la nature de ce que je vais me procurer. Je vous en reparlerai certainement.
Je poursuis ma médication à la maison et ce mardi, j'ai un rendez-vous avec le micro-biologiste pour une évaluation. Il y a des chances que mon traitement s'arrête là si les progrès sont satisfaisant pour eux! Ce que j'espère évidemment. Je trouve pour ma part que ça avance plutôt bien.
Donc tout est bien qui fini bien, et mon épisode n'a rien de très dramatique. Une infection mineure et une crise d'allergie majeure mais contrôlable et qui se résorbera sous peu. Je ne peux pas dire que j'ai ressenti vraiment beaucoup d'inquiétude. De l'inconfort, de la douleur et beaucoup de fatigue encore très présente. C'est tout.
En quelques jours à l'hôpital, j'en ai vu de toutes les couleurs, des gens très malades, et certaines personnes bien mal en point parce qu'elles n'avaient tout simplement pas pris soins d'elle, de leur corps, de leur santé.
Avec une telle proximité des civières, on peut pas faire autrement qu'entendre les histoires de tous et chacun, les diagnostiques et les questionnements annoncés aux patients par les médecins. Ça m'a littéralement arraché le coeur. Beaucoup de patients sont désemparés, seuls, inquiets, et souffrent dans leur corps et dans leur âme.
Je pense à cette femme, mi-quarantaine je crois, couchée derrière ma civière dans le corridor, maman mono-parentale de 2 adolescentes. Le médecin lui annonce qu'elle devra passer la semaine à l'hôpital pour passer une batterie de test. Ses douleurs à l'abdomen et les résultats préliminaires des radiographies laissent supposer un cancer ou une maladie de Crohn. Je l'entends le souffle court, pleurer, seule. J'ai juste envie d'aller m'asseoir avec elle pour la réconforter. Je lui souris et on engage la conversation dans la journée.
Je pense aussi à cette grand-mère octogénaire, qui essaie d'avoir le numéro de téléphone de sa fille pour lui annoncer qu'elle est hospitalisée, elle semble avoir peur, repliée sur elle même, elle a mal au dos, elle se déplace difficilement dans son lit. À elle aussi, je fais un sourire, ça ouvre la conversation, je lui parle doucement. Elle sourit malgré tout en me disant: "Enfin, ça fait du bien de parler à quelqu'un, je me sens tellement perdue ici! " C'est comme si ce contact l'avait reconnecter à elle-même, sont visage ridé s'est illuminé malgré son teint gris et sa douleur. Ayant réussi à parler à sa fille au téléphone, elle semblait plus calme et rassurée.
Et c'est sans compter les sons incessant d'hommes, de femmes et d'enfants qui gémissent,qui ont mal, qui pleurent, qui crient, qui se fâchent, qui toussent à se sortir les poumons, qui vomissent sans arrêt, les 4 ou 5 annonces pendant mon séjour de code bleu diffusées au personnel de l'urgence, et que quelques temps après, une civière avec un corps dont le visage est recouvert d'un drap passe sous nos yeux. Imaginez travailler dans ces conditions tous les jours, une vraie vocation!
Je réalise alors toute la chance que j'ai d'être en santé, ainsi que mes proches. Je réalise aussi que demain, tout peut basculer. Je réalise aussi qu'un sourire peut faire la différence, et même une pointe d'humour ça fait du bien. Je réalise tous les bienfaits d'un geste réconfortant, aussi banal soit-il.
Je vous laisse sur la courte histoire de mon dernier voisin de lit, un homme de 65 ans, l'esprit ben allumé!!... branché sur l'oxygène, "Il a toujours été actif toute sa vie", me racontait sa jeune épouse de 58 ans. Cet homme était essoufflé comme s'il avait couru un sprint juste à se déplacer dans sa chaise roulante avec l'aide de la préposée. Il me dit en me fixant dans les yeux:
" Mes poumons sont finis, j'ai trop fumé! Je le regrette maintenant mais kossé que tu veux, y é trop tard ..."
Triste ce regard empreint de regrets...
Mon intention n'est pas de vous faire la morale, car ce que vous faites ça ne regarde que vous. Mais si on peut faire une petite différence sur sa santé, sur la façon dont on souhaite vieillir, je me dis que sans sacrifier les petits plaisirs coupable, prendre du bon temps et se permettre un peu de folie, on peut bien se donner la peine et prendre plaisir à mettre toutes les chances de son côté pour être en santé, vieillir heureux, et longtemps!
Alors ce que j'ai envie de vous dire, avec un sourire: Prenez soin de vous, de votre corps, de votre esprit, de votre vie!
Sur ce, l'administration de mon médicament prendra fin dans une heure, je vais me préparer pour aller faire un beau dodo, histoire de refaire mes forces pour mordre dans la vie et retrouver mes collègues de travail que j'adore, et reprendre mon quotidien, là où je l'avais laissé...