C’est un métier

Herman Cain, candidat aux primaires républicaines pour la présidentielle américaine de 2012, répondait aujourd’hui aux questions de politique étrangère du Journal Sentinel à Milwaukee.

La question: êtes-vous d’accord avec le Président Obama sur la Lybie, ou pas ?

— (Silence) … Le président Obama a soutenu la révolte. C’est ça ? Et puis il a appelé à la chute de Kadhafi. Juste je veux être sûr qu’on parle bien de la même chose avant que je dise si je suis d’accord ou pas…Hmmm…. Je ne suis pas d’accord avec la façon dont il a géré la situation pour différentes raisons… hmmm… Non. C’était autre chose en fait…. (silence)… Il faut que je revienne en arrière pour me souvenir…

Herman Cain présidait une chaine de pizzerias avant de devenir le favori des primaires républicaines il y a quelques semaines (25% d’intentions de vote). Et puis une affaire de harcellement sexuel a ressurgit de son passé (14% d’intention de vote). Et puis ça (on ne sait pas encore combien il lui restera de supporters après cette boulette).

Depuis la fameuse interview de politique étrangère de Sarah Palin en 2008, qui justifiait son expérience diplomatique par le voisinage de la Russie et l’Alaska, jusqu’au récent « Oups » de Rick Perry la semaine dernière, Herman Cain apporte une énième démonstration de l’impréparation — ou de l’amateurisme ? — de nombre de candidats aux élections américaines.

Malgré la routine médiatique qui entoure et amplifie toutes ces gaffes, je reste ébahi par ces démonstrations d’incompétence, souvent maquillées par des accents populistes (ie. « J’y connais rien et je l’assume : ça fera souffler un peu d’air frais sur Washington »). Sans doute ai-je été trop éduqué aux débats électoraux français et à ses protagonistes sur-diplômés de la politique, qui se font un devoir d’avoir un avis documenté et chiffré sur tous les sujets. La politique française reste trop élitiste, sans doute. Mais à écouter tous ceux qui peuvent ici prétendre à une place sur le podium, on frissonne tout de même à l’idée que, sur un malentendu, l’un d’eux puisse finir par monter sur la première marche…