Relecture.
Un mot, un seul, formé comme un autre à partir de lettres de l'alphabet. Un mot anodin, facile à prononcer. Et pourtant. Vous rendez-vous compte de ce qu'il représente pour certaines personnes ? Avez-vous seulement idée des horribles effets qu'il peut susciter chez elles ? Tremblements, convulsions, palpitations, maux de tête, gastro-entérite, cancer, sida. Et encore, la liste est tronquée.
Re-lec-tu-re.
Quatre syllabes dont l'alliance maléfique engendre la tyrannie la plus insupportable. Ecoutez-les seulement vous parler. "Mais quel clown ! En voilà une lamentable faute de français !" Nerveusement, vous rajoutez le s oublié d'une main tendue. "Ca c'est de la bonne phrase bien lourde ! Tu fais un concours de virgules ?" Réprimant de lourds sanglots, le cœur douloureux, vous effacez une ponctuation maladroite. "De mieux en mieux ! Tu décris les étoiles alors que vingt lignes plus tôt tu disais qu'il était midi et que le soleil était chaud comme la braise d'un incendie dévorant !" Rejetant les projets de suicide qui vous viennent à l'esprit, vous vous empressez d'ôter servilelement toute mention des étoiles pour conserver votre belle métaphore sur le soleil. "Impeccable, à ceci près qu'il faudrait supprimer le chapitre entier et le remplacer par quelque chose de moins didactique, quelque chose d'intéressant quoi !" ...
RE-LEC-TU-RE.
Ca y est, vous avez enfin déchiré votre manuscrit et supprimé tous les fichiers de votre ordinateur.
Vous êtes libre.
Gustave Borjay vous salue.
« Le soleil, chaud comme la braise d'un incendie dévorant,
réchauffait de ses rayons multicolores le coeur des hommes
et faisait briller la nature de mille jolis feux. Une bonne nuit,
et il était fin prêt à dire bonjour à son bon ami l'arc-en-ciel. »