J’ai assisté hier soir à une conférence organisée par « Culture Maghreb Limousin », sur la laïcité. Le conférencier : Mohammed Mouaquit , chaleureux, cultivé mais accessible, m’a passionné par sa hauteur et son angle de vue qui n’est pas coutumière. Sa réflexion me permettra, je pense, d’utiliser sa méthode pour réfléchir à d’autres questions … Ci-dessous, notes et commentaires:
Je note d’abord, qu’il s’est dit « profondément laïque », c’est à dire « non croyant »… Ne pourrait-on pas se définir « profondément laïque » et « homme de foi » ? Je pense que si …
Laïque ou « croyant » ( je n’aime pas ce terme… bon ! tant pis), nous avons tendance à vouloir nous enfermer, et enfermer l’autre dans sa spécificité : c’est du « spécif-isme », il faut être vigilant ! Dans l’histoire, la laïcité s’est construite, sur un idéal « politique », celui d’assurer le primat du politique , sur le religieux.
Il y aurait un rapport problématique, de fait, entre le religieux « monothéiste » et le politique. L’idéal politique ne pourrait que s’opposer à l’idéal eschatologique ( le salut ) de la religion.. Le Christ a porté ce conflit jusqu’à en mourir…
A mon avis, Jésus, même s’il en est mort, ne portait pas ce conflit en Lui. D’abord, parce que c’est le « pouvoir » qui - lui - est nécessairement conflictuel, et Jésus, lui, « profondément laïque ».., rejette tout pouvoir dans la relation avec le divin. Jésus se présente comme le serviteur par excellence, et appelle chacun à le devenir. Jésus refuse les piège du pouvoir ( cf, le tentations dans le désert, etc … et « Rendez à César ce qui est à césar, et à Dieu ce qui est à Dieu » ) etc...
Le pouvoir a toujours cherché à instrumentaliser la religion ; par le fait que le pouvoir politique veut s’imposer par la loi, et être le seul à faire la loi …
En islam, la laïcité s’introduit par le droit ; sans s’opposer au droit religieux, mais en l’interprétant : ainsi en est-il des libertés individuelles ( famille, mœurs …). Un enjeu actuel est « la liberté de conscience », et le problème de la conversion ( l’apostasie…).
Chez nous, de ce côté de la méditerranée, je rappelle que -selon le syllabus de Pie IX ( 1864 )- est condamné le fait de professer ceci : qu’«Il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après la lumière de la raison (8, 26). ). ! La suite des condamnations est édifiante ! Aussi, à la lumière de l’expérience ( de l’histoire ..) il me semble que la politique ( et en particulier la démocratie ) permet, en effet, à l’Eglise ( institution..) de se voir « imposer » les lumières de la raison ( souvent évangéliques … ! ), à son bénéfice ! Aujourd’hui, les catholiques ne remettraient plus en cause la loi sur la séparation de l’église et de l’état ….
Ainsi , s’il en a été sur « la liberté de conscience », les vérités attachées aux autres religions … Demain, en sera t-il autant ( je le souhaite ) sur l’ordination des hommes et des femmes ( mariés ou non ), et le pluralisme religieux ?
Le conférencier nous dit que la laïcité pourrait s’exprimer par l’idée que « les hommes peuvent se passer de Dieu » et se libérer collectivement de la « tutelle » de la religion ( ils sont capables de faire eux-mêmes la loi …).
Dans ce sens la laïcité serait athée … Je ne pense pas du tout que l’athéisme soit une « spécificité » de la laïcité.