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Non, non, non, je ne veux pas prendre l'air

Publié le 20 novembre 2011 par Cccil
Non, non, non, je ne veux pas prendre l'airNon, non, non, je ne veux pas boire un verre.

Il y a des matins comme ça où on se réveille avec une chanson à la con dans la tête. Un chanson bête et qui vous colle à la peau comme un mauvais déguisement, qu'on aurait enfilé à la va vite et sans regarder où se trouvait la fermeture éclair. Une chanson qui rythme le reste de votre journée et en décide la couleur malgré vous.Ce matin, mon corps pèse cent tonnes, ou mille, et mon esprit colle à ma carcasse, englué, attrapé.Il fait beau pourtant dehors, alors je m'arrache aux draps en y laissant un bout de peau, un autre de cerveau, et nous épluchons la liste des choses qu'on avait envie de faire. Hier. Il y a un siècle déjà. Avant que le corps ne nous lâche lorsque les pensées trouvaient encore leur chemin hors de cette nébuleuse qui nous sert de cerveau.Non, non, non, je ne veux pas prendre l'air...Alors zut, on s'assoit, on se fait un thé, un café, un chocolat et on profite de la joie régressive de NE PAS sortir alors qu'il fait beau et que nous sommes censé le faire par contrat tacite avec la vie parisienne qui stipule, paragraphe 5 alinéas 2: « Tu ne resteras point chez toi un jour de beau temps étant entendu qu'on ne sait jamais de quoi le ciel de demain sera fait » (même si en vrai on suppute souvent à raison, et particulièrement lorsque demain est un lundi, qu'il fera moche, voir très moche, un temps pourri et crasseux, humide froid et déprimant).Et lorsque je me retrouve dans cet état léthargique, amorphe, l'instinct ressurgi et corps et tête convergent, sans réfléchir, vers leurs doudous respectifs, rassurants, apaisants: un bon chocolat chaud espagnol et un livre refuge, de ceux que j'ai lu mille fois déjà sans me lasser et que je transbahute de lieux en lieux, de ports en ports. Les seuls qui ont survécu miraculeusement aux dizaines de déménagements que j'ai pu faire en 5-6 ans.

Non, non, non, je ne veux pas prendre l'air Et finalement, se laissant caresser par les mots, le soleil et la douceur du chocolat... on n'est pas si loin du bonheur, non?
Comme je suis sympa, je partage avec vous ma recette personnelle de chocolat chaud à l'espagnol que les puristes n'apprécieront certainement pas, mais qui fait le bonheur de mes après-midis de néant:
Recette du chocolat chaud à l’espagnolePour 4 tasses (ou 2 bols)

50 cl de lait50 g de chocolat noir (à choisir entre 50 et 99% selon l'intensité qu'on souhaite)50 g de sucre2 c. à soupe rases de fécule1 gousse de vanilleOuvrez la gousse de vanille en deux dans la longueur et grattez les graines avec la lame d’un couteau. Déposez les graines de vanille dans une casserole contenant le lait.Ajoutez le sucre et la fécule (préalablement délayée dans 1 c. à soupe de lait) et portez à ébullition.Pendant ce temps, concassez le chocolat.Lorsque le lait bout, retirez la casserole du feu et incorporez le chocolat haché. Fouettez jusqu’à ce que le chocolat soit fondu et dégustez. Pour la version fainéante (comme cette après-midi) pour les jours où on n'a pas eu le temps de faire les courses vous pouvez, pour 30 cl de lait, mettre 3 cuillère à soupe de Van houten , 2 de sucre, 1 de fécule, plus de l'extrait de vanille et obtenir un substitut tout à fait acceptable.

Non, non, non, je ne veux pas prendre l'air
Quant à Lucia Etxebarria, que dire si ce n'est que j'ai dévoré toutes ses œuvres, que j'aime sa plume drôle et incisive, très poétique et engagée. J'aime son discours féministe sans renier sa féminité et son approche de la vie douce-amère, entre désillusion et émerveillement, cynisme, cocaïne et recherche de soi. J'aime le Madrid qu'elle dépeint dans beaucoup de ses livres, emplit d'une jeunesse au bout du rouleau dans un pays qui oscille toujours entre les extrêmes.Un miracle en équilibre est la lettre d'une mère à sa toute jeune fille, Amanda, qui vient juste de naitre, lettre écrite sous forme de journal intime alors que sa propre mère est en train de mourir. Elle y fait le point sur sa vie, sa relation avec ses parents, ses amours, son entourage et raconte son cheminement intime de fille devenue femme puis mère, dans une société espagnole patriarcale et machiste. Elle parle également de la dépendance, de toutes les dépendances, de l'alcool aux mauvaises relations amoureuses et aux schémas qu'on reproduit encore et encore sans jamais casser le cercle infernal.A lire donc avec un chocolat chaud, caliente. Au lait! 

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