Ma chronique parue en septembre dans le 7mag

Publié le 20 novembre 2011 par Anaïs Valente

J'avais oublié de vous la faire lire, grande distraite va, la voici donc :

Pardonnez-moi mon père, passque j’ai péché

Tout récemment, je confessais à une connaissance que, du temps où j’usais mes fonds de culotte à l’école primaire, nous étions obligées (au féminin, because pas de mixité à l’époque – nan, c’était pas en 1700, promis juré) d’aller à confesse régulièrement.

Et la première chose à dire à Monsieur le curé en arrivant aurait dû être « pardonnez-moi d’ores et déjà car tout ce que je vais vous dire sera du pur mensonge ».  Parce que, incapable de la moindre spontanéité et trop angoissée par la punition divine éventuelle, je préparais la séance de torture des jours auparavant, réfléchissant aux péchés que je pourrais lister, suffisamment crédibles, mais pas trop graves.  Systématiquement donc, j’évoquais ma gourmandise, mes mauvaises notes au cours et ma méchanceté avec, au choix, mes parents, ma sœur, mon chat, mes camarades de classe (histoire de varier les plaisirs d’une fois à l’autre).

L’heure est venue, cependant, de vous livrer mes confessions scolaires en toute honnêteté.  Des confessions vraies de vraies.

Pardonnez-moi mon père, passque j’ai péché.  J’ai triché.  De toutes les façons possibles et imaginables, dignes de mon intelligence surnaturelle mais de ma mémoire inexistante.  J’ai usé et abusé de copions.  En papier.  Sur ma latte.  Sur mon bureau.  A l’arrière de ma calculatrice.  Ou carrément avec mon cours à portée de mains, tant qu’à faire, bien plus simple.  J’ai même, durant un examen de géographie, préparé la carte que j’aurais à remplir, que je n’ai plus eu qu’à sortir en douce, et le tour étant joué (et les points facilement gagnés). 

Pardonnez-moi mon père, passque j’ai péché.  Par amour.  Je suis entrée dans le bureau du proviseur, en son absence, malgré l’interdiction formelle et les menaces de représailles jusqu’à la fin de ma scolarité, afin d’y subtiliser la photo de l’élève qui faisait battre mon cœur à l’époque. 

Pardonnez-moi mon père, passque j’ai péché.  Avec ma meilleure amie, on a voulu faire une expérience scientifique.  Découvrant, dans les couloirs scolaires, un robinet qui coulait et un évier bouché, nous avons voulu découvrir combien de temps il faudrait à cet évier bouché pour avec le robinet ouvert à fond. Ben faut pas longtemps, croyez-moi.  Et une fois que ça déborde, ça coule dans toute l’école.  Et vu que le robinet est au premier, ça dégringole jusqu’au rez et plus loin encore.   

Pardonnez-moi mon père, passque j’ai péché.  J’ai accusé mon école de n’avoir aucun respect pour ses élèves.  J’ai fait fi de l’interdiction familiale de descendre la Lesse en kayak et me suis engagée à la faire à pied.  Puis je suis montée dans le kayak, en fille obéissante que j’étais. La descente fut formidable, ma chute dans la Lesse aussi.  Rentrant chez moi trempée jusqu’à la taille, je me suis offusquée de l’irrespect de cette école qui forçait les élèves marcheurs à traverser la Lesse et à s’y tremper les fesses.

Voilà mes confessions, et finalement, elles forment mes meilleurs souvenirs scolaires.

Bonne rentrée à tous !