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Hubert Nyssen, le fondateur des éditions Actes Sud est mort

Publié le 23 novembre 2011 par Lauravanelcoytte

Hubert Nyssen, le fondateur des éditions Actes Sud est mort


Il était écrivain, éditeur, fou de livres, et il a créé l'une des maisons d'édition les plus rayonnantes du paysage littéraire de ces 30 dernières années. Hubert Nyssen, le fondateur d'Actes Sud, est mort samedi 12 novembre dans son sommeil, à l'âge de 86 ans.

Ancien publicitaire, Hubert Nyssen s'est lancé dans l'aventure littéraire en tant qu'auteur d'abord : il n'abandonnera d'ailleurs jamais l'écriture, et compte dans sa bibiographie des dizaines de romans, d'essais, de poèmes. C'est en 1978 qu'il lance Actes Sud, dans une bergerie du Paradou, près de la ville d'Arles, loin de Paris donc, et des traditionnelles maisons de Saint-Germain-des-prés. Cette décentralisation contribuera à forger l'identité originale d'Actes Sud, qui, outre son format étiré et ses couvertures illustrées, s'est aussi donné pour mission de réparer "les dégâts provoqués par ceux qui faisaient de la théorie autour du Nouveau Roman" (voire l'article du Nouvel Obs retraçant la saga Nyssen). Pour cela, Hubert Nyssen a amené en France "de la littérature étrangère en train de se faire". En 1985, il découvre successivement Nina Berberova et Paul Auster, deux des auteurs qui ont fait le prestige du catalogue d'Actes Sud. "Avec eux, c'est parti comme une fusée. Actes Sud n'était plus simplement une aventure, mais une entreprise", se souvenait Hubert Nyssen en 2008, interviewé à l'occasion des 30 ans de la maison.

L'entreprise, il l'a confié à sa fille Françoise Nyssen, en l'an 2000. C'est celle-ci qui en tenait les rênes quand le miracle Millénium est tombé en 2007. Si le succès de la trilogie suédoise a valu nombre de critiques, parfois jalouses, à l'égard de la maison, Actes Sud n'a cependant jamais cessé de faire le travail que l'on préfère chez elle, à savoir publier les auteurs qui nous ont fait découvrir et aimer tout un pan de la littérature étrangère - et notamment anglo-saxonne. Hubert Nyssen expliquait d'ailleurs avoir "toujours demandé aux auteurs de (lui) signaler qui traduire". Paul Auster l'a ainsi mis sur la trace de Russell Banks ou Don DeLillo. Dans le même entretien, Nyssen remarquait également avoir publié les premiers livres de Cormac McCarthy, avant de se l'être fait "piquer". "Mais McCarthy n'est pas en cause: il vivait dans une roulotte, il s'en foutait. C'est une affaire entre agents. Ah! sur les agents, il y aurait beaucoup à écrire."

Hubert Nyssen a assurément fait beaucoup pour la littérature en France, aussi bien en important les auteurs qui pèseront mondialement (notamment les prix Nobel Imre Kertész ou Gao Xingjiang), qu'en faisant entendre de nouvelles voix d'écrivains français (on peut citer Alice Ferney, Mathias Enard, ou Laurent Gaudé, prix Goncourt 2004). Et si un grand éditeur s'en est allé, sa fabrique de littérature a encore de beaux jours devant elle.

Photo © ANDERSEN/SIPA


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