
C’est le personnage principal. Au mutisme écrasant. Toujours là.
Placé comme un figurant. En arrière plan. Flou. Discret. Mais, dans ce cas précis, imposant. Un bon deux kilomètres de haut. À ses pieds, un sacré merdier. Catégorie fourmilière à deux semaines de l’hiver. Pleine balle et coude à coude.
Sur n’importe quelle carte de Caracas, même les plus nulles offertes sur les comptoirs d’hôtels, elle apparaît. Trainée verte qui barre net la route à la ville. Une digue chargée de contenir non pas la flotte mais le bitume.
En ville, lorsqu’elle apparaît devant, au bout de la rue, c’est facile.
Là-bas, c’est plein nord.
Là-bas, c’est la montagne de l’Ávila.
Un gros caillou tartiné de verdure qui surplombe la ville. Qui bataille à pleins poumons avec les oxydes de carbone. Qui contemple, consternée, l’espèce humaine qui s’agite. Et qui soupire. Comme un figurant.