Quelques mots, de Jules Supervielle:

Publié le 30 novembre 2011 par Perceval

Encore, Jules Supervielle:

 

Chaque âge a sa maison, je ne sais où je suis,
Moi qui n'ai pour plafond que mes propres soucis.
Ce parquet m'est connu, je marche sur moi-même,
Et ces murs c'est ma peau à distance certaine.
L'air s'incline sur moi, son front n'est pas d'ici,
II m'arrive d'un moi qui mourut à la peine.

   

Allons, mettez-vous là au milieu de mon poème,
Que je m'approche à loisir, loin des regards indiscrets,
Entre des mots qui vous observent, bien qu'il vous
  devinent à peine,
Et d'autres mots qui vous éclairent sans parvenir à
  vous toucher.

Soucis, vous qui savez toujours me retrouver,
Trouverai-je jamais une cache assez sûre,
Vous me mettrez dessus votre lanterne dure
Pour voir si c'est bien moi, comme si ne saviez..

Photos de Julie de Waroquier, et peinture de Turker Bayram Yildiz