Tout ça, c'est de la faute des smicards

Alors pour ceux qui n'auraient pas suivi, François Fillon est premier ministre de la France depuis le 17 mai 2007.
Vous ne le connaissez pas, c'est normal. Lui, en revanche, vous connait. Bien. Il sait ce qui est bon pour vous. On lui a dit que votre salaire était trop bas, que vous étiez grognons, que vous estimiez devoir gagner plus, vu que vous alliez travailler plus, avec la mise à mort programmée des 35 heures (qui ont été mises en place n'importe comment, il faut bien le reconnaître).

Alors il a réfléchi, il s'est interrogé, et il a compris : si vous râlez autant, et si votre moral est si bas, c'est de sa faute, c'est parce que lui, François Fillon, a augmenté le SMIC de 17% en 3 ans sous le gouvernement Raffarin.

Gigantesque gaffe ! Car du coup, des millions de français, qui s'étranglaient avec un salaire médiocre, inchangé depuis plus de 10 ans, tandis que leurs patrons crevaient tous les plafonds des records de rémunération européens, ces millions de français qui avaient au moins le sentiment d'être un peu mieux lotis que ceux qui avaient la malchance d'être au SMIC (moins de 1000 € / mois, essayez de le faire), se sont retrouvés quasiment au même point que les smicards (qui sont, dans la hiérarchie gouvernementale, juste un peu au dessus des chômeurs, lesquels sont au dessus des RMIstes, qui eux-même dominent d'un cheveu les SDF).

Gagner 1100 euros par mois, mais gagner 15% de plus qu'un smicard, ça a tout de même plus de gueule et de panache que gagner 1100 euros par mois en ne gagnant que 3% de plus qu'un smicard. Dans le deuxième cas, c'est la honte.

La honte, comme celle qui n'étouffe pas Mr Fillon, quand il déclare sans rire qu'il a eu tort d'augmenter le SMIC car cela a conduit à, je cite, "l'écrasement des salaires et à la dévalorisation du travail".