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Point de vue : Près de 100.000 ha de terres agricoles perdues en 10 ans en Aquitaine ! Les tous premiers chiffres du dern

Publié le 08 décembre 2011 par Jean-Robert Bos

Point de vue : Près de 100.000 ha de terres agricoles perdues en 10 ans en Aquitaine !

Les tous premiers chiffres du dernier recensement agricole viennent d'être publiés. Les données relatives à la région Aquitaine ne manqueront de faire débat dans de nombreux cénacles, tant finalement les multiples facettes révélées par cette publication concernent au bout du compte beaucoup de monde.

On pense en tout premier lieu à la profession agricole et à ses institutions, aux collectivités, qui de l'échelon local à l'échelon régional en passant par toutes les couches du mille feuilles, se posent de légitimes questions relatives au devenir de leur territoire, mais aussi aux services de l'Etat qui sont bien souvent les bras de la mise en œuvre des politiques tant nationales que communautaires... Mais parmi la masse des informations livrées, je voudrai m'attarder sur au moins un chiffre, celui de la perte de la surface agricole observée au cours de ces dix dernières années. Ce chiffre s'élève à 96 200ha, soit 6,5% de la SAU régionale.

Deux phénomènes alimentent cette situation : celui de l'artificialisation des sols d'abord et celui de la déprise agricole ensuite.

S'agissant de l'artificialisation, beaucoup de choses ont été dites sur le sujet. En Aquitaine, il est à l'origine d'environ la moitié de la disparition de la SAU, soit près de 50.000 ha en 10 ans sur l'ensemble de la région. Ce phénomène n'est pas hélas une anomalie aquitaine. En 2010, au niveau français, c'est 92.000 ha qui auraient été ainsi artificialisés à des fins de routes, d'habitat, d'espaces de loisirs, etc... alors que nous étions encore à un rythme de 60.000 ha voilà peu d'années. A ce rythme, c'est la surface agricole moyenne d'un département français qui disparait tous les 4 ans !

Le législateur, sensibilisé à ce phénomène, notamment par les Safer, a créé dans le cadre de la Loi de Modernisation Agricole de juillet 2010, des commissions départementales de consommation des espaces agricoles (CDCEA) dont les premiers tours de tables débutent dans chacun des départements. Formulons le vœu que ces commissions, chargées notamment d'émettre des avis, lors de  la création  ou du renouvellement des documents d'urbanisme, auront une fonction de veille efficace, au spectre de ce sujet sensible qu'est celui de la disparition progressive de nos terres agricoles, bien souvent parmi les plus fertiles.

La déprise agricole ensuite ! Ce deuxième vecteur de disparition des terres agricoles est un des marqueurs inexorable de deux phénomènes qui se conjuguent parfois. D'une part, la crise traversée par certaines filières agricoles qui conduit à ce que les spécialistes qualifient de « déprise » et d'autre part les effets d'aubaine attendus par certains propriétaires fonciers, en particulier dans des espaces péri urbains où ces derniers sont dans l'attente d'une modification d'un document d'urbanisme. Ils ne manquent généralement pas de zèle pour convaincre leurs élus communaux dans parfois un chantage d'un autre temps ! S'agissant de filières en crise et des conséquences en matière de développement des friches, j'invite celui qui voudrait s'en convaincre à faire un tour dans l'Entre deux Mers (en Gironde) où dans le Bergeracois, deux régions viticoles marquées depuis bientôt dix ans par une crise qui n'a que trop duré.

Ainsi, au total et en 10 ans, entre 2000 et 2010, c'est donc près de 100 mille hectares qui ont disparu de la sphère de production agricole. Les conséquences sont évidentes tant en matière économique, sociale, touristique ou, de manière plus inattendue, sanitaire. Le problème est sous nos yeux. Que pouvons-nous faire ? 

Pierre Pouget
Directeur de la Safer Aquitaine Atlantique


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