Voilà, je suis tombée sur un article de Marianne (oui, mon homme lit Marianne, moi non, juste comme ça en passant quand ça traîne… non, ne me jetez pas de la boue, s’il vous plaît ! J’essaye de rester digne)
Bref, comme d’habitude, je lis les petits encarts courts parce que moi, lire un magazine de A à Z ça me gonfle, et que je préfère les potins/faits divers aux grands sujets politiques (comme tout le monde
Voilà que je tombe sur cet article à la page 40 du Marianne du 3 au 9 décembre 2011 :
Que le fait qu’Eva Joli affiche des lunettes rouges, ça me choque pas (regardez les animateurs télé et leurs lunettes mange-visages des années 70, je pense qu’Eva Joli a certainement plus de goût que ces personnes), qu’on utilise ses lunettes pour lui porter atteinte, ça fait partie du jeu et je m’en contrefous. Que des journaux de droites attaques une politicienne écolo de gauche, c’est normal, c’est ça la politique. Et moi, la politique, ça ne m’intéresse pas plus que ça.
Mais ce qui me choque dans cet article, ce sont ces mots :
« Notre objectif est atteint, se réjouit Elliot Lepers, le graphiste de 19ans à l’origine de la trouvaille. Pour les militants, cet objet symbolise le décalage d’Eva, tandis que la droite l’utilise pour dénoncer le côté inquisiteur de l’ancienne juge et la menace écologiste. »
Passons sur l’objet et sa symbolique étrange : pour moi, un entonnoir, c’est le truc pour faire entrer un liquide dans une bouteille, genre la soupe de ma mère, dans une bouteille en plastique pour la mettre au frigo. Le truc qui ne sert donc plus à personne de nos jours. L’assimilation avec la folie est d’un cliché sans nom, et je vois encore moins comment ça pourrait exprimer un côté inquisiteur (n’est-ce pas celui qui juge que l’entonnoir n’est pas un chapeau qui est étroit d’esprit ? et celui qui l’interdit qui est inquisitorial ?) Quant à se sentir menacer par un entonnoir, il faut vraiment pas être net…
Si je ne lisais pas plus régulièrement Marianne, je penserais que l’indice subtil « 19 ans » serait un simple fait. Par contre, sachant l’orientation politique du magazine et donc des journalistes qui y travaillent, je ne peux m’empecher de croire que cela n’a pas été fait sans arrière pensée.
Ce jeune graphiste de 19 ans est donc fier de sa couverture, digne d’un débutant en détourage photoshop !
Maîtrise du détourage : 10/10
Maîtrise de l’adoucissement des contours : 7/10
Maîtrise du copier-coller sur fond blanc : 11/10 (au moins)
Maîtrise de l’ombre portée : 3/10 (et je suis gentille, c’est parce que tu as trouvé l’option tout seul sans modifier les réglages de base)
Maîtrise du pipotage et de l’entubage des autres sur ses capacités créatives : Hors Catégorie – Mention Excellent avec les Félicitations du Jury.
Où est l’originalité ?
Ni dans l’idée :l’entonnoir pour la folie ? C’est un peu comme les asiles avec des Napoléons à tous les coins de couloirs. Cliché usé au point qu’un gamin de 6ans le trouverait idiot.
Ni dans la mise en page : Un fond blanc, un entonnoir (oh ! il dépasse sur le titre, c’est… une grande maîtrise des calques superposés, mais pas vraiment une nouveauté, c’est même assez mal intégré je trouve) et une paire de lunettes rouges un peu excentrée (idée : c’est pas centrée, donc le déséquilibre, déséquilibre mental, donc folie… wow ! Attendez, non, en fait c’est juste un règle de débutant : rien de symétrique et rien de central, utilisation basique et sans virtuosité des règles de composition habituelle)
Voilà donc où l’on en est : un graphiste stagiaire (j’espère, parce que si ce type est PAYE pour faire ça, ça risque de faire grincer des dents de nombreux graphiste diplômés et talentueux au chômage et on parlera de copinage, de réseautage et de magouillage pour son embauche !) qui sort une couverture nullissime autant formellement qu’idéologiquement. Quelles que soient les idées que l’on a, assimiler la folie à l’entonnoir est la preuve qu’on n’a rien soi-même dans le ciboulot… Ou alors, qu’on considère qu’il faille une image « simpliste » pour que les lecteurs comprennent et donc qu’on les pense un peu ras de la caboche (pas étonnant, ne sont-ils pas de droites ? oui, là c’est méchant pour les gens qui ont des idées politiques de droite, mais ce n’est pas moi qui le laisse entendre, c’est la couverture du Figaro Magazine !)
Au moins, Libération fait simple (et non simpliste, nuance que M.Elliot Lepers – retenez son nom -, graphiste de 19ans, devrait apprendre à maîtriser), sans cliché, et ne se vante pas d’avoir trouvé l’idée du siècle.
Alors, je propose un concours :
Toi aussi, deviens graphiste au Figaro Magazine !
Tu n’as jamais fait d’études de graphisme ou d’art ? Ce n’est pas grave ! Tu ne maîtrises pas photoshop, mais tu as Paint (et tu touches pas qu’un peu ! ça tombe bien, on n’a pas pu payer la licence pour Photoshop), tu es notre homme (ou femme, je n’ai pas vérifié) ! Tu n’es pas majeur ? Ce n’est pas grave, on accepte toutes les participations (n’oublie pas de faire signer l’autorisation parentale si tu as moins de 6 ans).
Tu pourras donc inventer un slogan simpliste mais qui claque : deux mots qui riment (pas plus de 3 syllabes par mot, au delà, l’attention du lecteur se relâche), une mise en page qui n’en est pas une (c’est un concept à développer), une image forte basée sur des clichés qu’un gamin de 4 ans pourrait comprendre (pas 6, à 6 je l’ai dit, ils sont déjà blasés).
Ceci est un appel à contributions ! (et il n’y a rien à gagner)