Complètement déroutant ! Ces 02, 03, 05, voire 10 ans d’expérience que l’on demande systématiquement pour tous les postes en recrutement. Complètement déroutant pour tous ces jeunes, à peine sortis de l’université et qui se retrouvent ainsi, et parfois pour très longtemps, prisonniers d’une impossibilité qu’ils ont du mal à cerner. “Mais où est ce que je vais prendre cette expérience professionnelle si personne ne veut me la donner et que tout le monde la met comme un préalable pour me donner une chance”. Cette question, des millions de jeunes en Afrique se la posent et cet article est une tentative de réponse à cette problématique.
Comprenons nous bien. Il ne s’agit pas ici de proposer une sorte de remède miracle à un problème dont les profondeurs sont abyssales. Je voudrais juste partager quelques réflexions issues d’expériences que j’ai souvent menées dans le coaching de certaines personnes et des échanges avec divers professionnels.
Je vais donc commencer par un préalable important : Sortir des extrêmes réducteurs
La première difficulté que l’ion retrouve chez les jeunes chercheurs d’emplois, c’est un mode de pensée possédé par des extrêmes. Il s’agit d’à priori sur eux, sur le monde et sur les choses. Ces à priori desservent plus qu’ils n’aident véritablement et nous allons en voir quelques uns
- Tout est fermé pour moi. C’est le premier extrême. Celui qui consiste à conclure que rien ne va bien, tout est de travers et surtout…que tout est arbitraire. La vérité est que le monde réel est étranger au jeune chercheur d’emploi et c’est la raison pour laquelle il lui semble arbitraire. Et le risque le plus sérieux est qu’il n’arrive jamais à s’y intégrer vraiment et donc qu’il garde de manière indéfinie ce sentiment de fermeture, d’arbitraire. Le monde du travail est un monde simple et complexe qui a ses lois qui ne sont pas aussi élémentaires qu’on peu l’imaginer de l’extérieur. Il faut l’intégrer, comprendre ses règles pour découvrir ses portes et s’adapter.
- Je suis bon, je suis compétent, j’ai le profil. C’est le second extrême. La plupart des jeunes chômeurs ont tendance à penser que leur éloquence lors de leurs cours était synonyme de compétence. Certains même restent convaincus que la grande quantité de connaissance livresque pour laquelle ils se sont dévolus, à raison d’ailleurs, les qualifie pour les postes liés à ce qu’ils ont étudié à l’école. Le monde réel a souvent tôt faire de remettre en cause ces points de vue, mais certains s’accrochent et dérivent alors vers la rancœur et la déception…Tant qu’on n’a pas commencé à pratiquer quelque chose, soyons réaliste, on ne peut pas imaginer qu’on est parmi les meilleurs là dessus. La compétence a toujours a voir avec “la mise en situation” des connaissances et leçons que l’on a tiré dans la vie.
- Je n’ai pas ma chance parce que je n’ai pas de relations. Cela aussi est un extrême bien courant. Loin de moi l’idée d’affirmer que les relations comptent pour du beurre dans l’expérience professionnelle. Mais bien des fois, l’absence de chance de certains jeunes diplômés n’est pas lié à ce facteur. Il est très souvent lié à leur propre attitude, à leur propre comportement et au delà de tout, à leurs approches.
- J’ai tout essayé. C’est le pire des extrêmes. Je me souviens d’ailleurs encore d’une anecdote vécue récemment dans une université d’un pays d’Afrique de l’Ouest. Je faisais une communication sur un sujet donné et quelques étudiants m’ont abordé pour parler de la difficulté de l’emploi. Je les exhortais alors à ne pas perdre courage et à continuer à chercher. L’un d’eux me répondit : “J’ai tout essayé et ca n’a rien donné”. Je lui ai alors demandé ce qu’il a essayé et sa réponse était qu’il avait déposé des dossiers de demande de stage dans les entreprises et ONG de la place. Combien de dossiers déposés, ce fut ma prochaine question et ma consternation fut grande devant sa réponse : 04 !!!! Il considérait qu’il avait tout essayé après avoir déposé 04 demandes de stage !!! Certains diront qu’ils ont fait 10 fois plus, mais nous sommes encore loin du compte. Il y’a toujours davantage d’efforts à faire tant dans la quantité que dans la qualité des approches et nous en reparlerons. Il faut surtout cesser d’imaginer qu’à soi tout seul, avec les quelques efforts que l’on a fait, on a tout essayé.
Les extrêmes réducteurs dans lesquelles plusieurs enferment leur approche de l’univers du travail est un véritable frein à leur épanouissement professionnel et nous avons voulu commencer cette série en invitant à se détacher de ces extrêmes pour entrer dans l’audace de la recherche.
Patience, les prochains articles seront plus concrets…Prenez d’abord le temps de méditer sur tout ceci.