Magazine Journal intime

Jour 76

Publié le 15 décembre 2011 par Miimii
Jour 76
Je suis rentrée du travail exténuée... Fatiguée, rien qu'à l'idée d'aller voir mon homme... l'homme que j'aime pour lui parler comme à un ami, un inconnu pour, peut être la dernière fois.
Non, non, je ne compte pas rompre... mais je vais peut être accepter de l'épouser pour ne pas le perdre... Il sera mon mari, et plus mon ami... mon séducteur, mon bachelor, mon "crush".
On s'est mis d'accord pour aller faire quelques pas, une marche  à pied. En chemin et pendant tout la route, je répétais. ça me rappelait mes rendez-vous, bi-hebdomadaire chez mon psy, au cours desquels, je devais optimiser le temps et la pertinence des sujets abordés dans les 50 minutes autorisées afin que je n'en sorte pas frustrée et impatiente d'être au prochain rendez-vous. Je mettais les deux ou trois jours qui séparaient les rendez-vous pour réfléchir à ce que j'allais dire: Enfance? Père? Ex? Boss?... Lequel des hommes qui ont fait ma vie m'a fait le plus de mal sans que je le sache? Ma "frozen" mère? Ma féminité ? Mon profil de séductrice? Ma fibre maternelle inexistante? Qu'est ce qui a fait de moi cette détraquée de l'amour?
J'arrive devant chez lui, je me doute vraiment que certains des sujets auxquels j'ai pensé, risquent de créer une polémique... je me dis que comme d'hab' j'improviserais.
Je l'appelle, il ne répond pas. Au bout de quelques minutes, je le vois sortir de chez lui. Il est au téléphone.
Il monte en voiture, il parle encore au téléphone.
"Oui, ..., Ok, si ça me dit je te rappelle... Demain soir? ... Ok, je check mon planning et on se rappelle. Non.. Non... promis cette fois, je rappelle. Merci pour ta proposition..."
Il bien trop poli et "maniéré" pour parler à un homme. Il sourit trop pour que ce soit un homme, ça ferait vraiment PD.
Il raccroche, j'ai pas démarré, j'attends des explications de sa part.
"Salut. Désolé...J'étais en double appel, mais j'ai compris que tu étais là".
"Et moi, j'ai pas compris à qui tu parles... " (avec mon sourire le plus hypocrite d'amie amoureuse et possessive avec son meilleur ami)
"Une des salopes sans limites de Tunis. Celles qui t'appellent mille fois pour t'inviter à sortir et qui au bout de 999 refus, elles ont toujours pas capté le truc."
"Dis leur que tu as quelqu'un dans ta vie..."
"Elle s'accroche encore plus... et puis... tu crois que j'ai quelqu'un dans ma vie?"
Ce sourire, malicieux, m'a toujours fait craquer... pourquoi je sens que ce soir, l'amitié va dépasser ses limites? Je n'ai qu'une envie...
"On va où?"
'Là tu veux marcher et me raconter ta vie?! Tu m'as manqué petite puce!"
"Je voulais te dire... La boîte à bruler est pleine... tu veux qu'on aille la brûler ensemble?"
"Tu me diras ce qu'il y a dedans?"
"Oui, tu liras les petits papiers...Je m'en fous"
"On va la chercher chez toi?"
"Non... Je l'ai, ici... mais on va où?"
Nous sommes allés dans le grand terrain de la maison de ses parents. Nous sommes entrés par l'arrière, dans une ferme du côté de la Soukra, dans un endroit que je n'imaginais même pas. On tourne au niveau du parc d'attraction et on va quasiment au bout du monde.
On se retrouve dans un terrain vague, il prend un vieux seau en métal dans une espèce de réserve, dans lequel il allume un feu avec un torchon et moi, fascinée (je l'ai toujours été) à la vue d'une flamme dansante, je serre ma boîte contre moi. Il m'apporte un tas de briques pour qu'on s'assoit et on sort nos téléphones portables pour éclairer la boîte.
Je me sens nue en l'ouvrant, comme si je me déshanbillait. Mais il est la seule personne de confiance avec qui je veux partager ce rituel libérateur.
Dans la boîte (sur laquelle, il est écrit "Boîte à pensées"), il y avait une vingtaine de feuilles de papier. La première que D. à tirée est la lettre envoyée par Samuel, il me l'a tend, je l'ouvre et y jette un coup, et je lui dis:
"Ce soir, je suis nue... Tu peux entrer en moi... Lis-la."
Il me regarde longuement, il a les yeux brillants, dans cette demi pénombre... et me réponds: "Tu mènes la danse, fais moi entrer... lis la moi, avec ta voix."
Je commence à lire et très vite, les mots commencent à m'agresser... J'en ai la voix qui tremble au point qu'il finit par me dire de m'arrêter car ce qu'il entend le fait souffrir également.
Il me prend la lettre des mains, la jette dans le feu... prends la boite, la renverse dans le feu... et finit par la lâcher également dans le seau.
Mes souffrances partent en fumée... C'était alors si simple? Quand je suis seule devant le feu, (rituel que j'accomplis souvent) je jubile de voir les petits papiers brûler, je trouve le fait de les jeter dans le feu excitant.
C'est la première fois que je le fais à deux et c'est à la fois une vraie torture et vraiment rassurant.
Je tremble, de froid, de peur, d'émotions... Je ne saurais pas dire la nature exacte de ce qui me faisait souffrir/vibrer.
Il me sert tellement fort dans ses bras qu'il m'étouffe presque. Il dit "Il faut que tu changes de vie... Il ne faut plus jamais que ça arrive... Tu ne dois plus te mettre dans de telles situations"
Ce n'était pas une étreinte d'amour, ni une intonation de tendresse,... C'était plutôt de la colère et de la douleur... Je me détache de lui... et avec un regard profondément triste, je lui dis: "et tu penses que le mariage va me protéger de tout ça...Une fois mariée à toi, je ne souffrirais plus?" J'étais tout aussi en colère que lui et en rien tendre.
Il ne dit rien... puis il respire et dit "Ben oui...", comme si c'était un engagement de sa part.
"Non, je ne veux pas que ce soit le mariage qui me protège, je veux que ce soit toi... avec ou sans ce putain de mariage avec lequel tu m'agresses."
"Pourquoi tu le prends comme ça? ... c'est ce que je voulais dire..."
"Non, ce n'est pas ce que tu voulais dire... J'ai la sensation que le mariage te permettra de m'attacher à toi, me sceller à vie... Il n'y a que toi, ta personne, ton amour qui peut le faire... pas un vulgaire papier ou contrat ou une signature... Je ne le ferais que quand, j'aurais la certitude que rien ne va changer, après, entre nous..."
Il me regarde... Je reprends:
"Je ne suis pas de ces filles pour lesquelles le mariage est une fin en soi. Pour moi, c'est le début de la fin... quand je deviens un article du mobilier qui fait l'aménagement de ta vie, parce que tous les matins, tu te lèves près de moi, avec nos haleines matinales qu'on finit par ne plus sentir parce qu'on est "mariés", te réveiller près de moi n'est plus un enchantement, une excitation, une joie... c'est juste le quotidien... et ta flamme va s'éteindre à l'image de cette exemple... elle sera éreintée par la routine et je ne refuse complètement, je ne veux pas me faner comme une rose à tes yeux."
"Où as-tu trouvé ce raisonnement de merde? Je pense que tu as des exemples chaotiques devant toi...c'est pour ça que pour toi, le mariage a perdu toute sa valeur sacrée...sa beauté...son charme."
"C'est avec des cas foireux que j'ai grandit... que veux-tu? Tu ne peux pas me convaincre du contraire, je ne me veux pas me sentir comme une vulgaire table basse entreposée chez toi...à laquelle tu parles à peine et à laquelle tu finis par ne même plus penser, puisque tu sais qu'elle sera là quand tu rentreras"
"Piètre idée ma belle, je n'aurais jamais pensé que tu réfléchissais aussi matériellement... haleine du matin, table basse... très imagé tout ça! (sourire ironique...) Tu veux voir un couple heureux?"
"Non"


"Si..."


"J'ai froid!"


"On va entrer, j'éteins juste le feu".
J'ai entendu "on va rentrer".
Je  me suis relevée et j'ai épousseté mes vêtements, prête à rentrer chez moi et à ne plus entendre parler de lui et du mariage.
Il appelle quelqu'un, probablement un jeune homme de main ou un fermier... pour qu'il s'occupe d'éteindre le feu et de ranger. L'homme l'appelle "Si Mohamed Ali".
"Si Mohamed Ali", empoigne son téléphone et "Allo, oui... vous êtes à la maison?... Y a un truc à manger au dîner? ... Bon j'arrive."


"Mimi, on entre..."


"Où?"


"Diner avec mes parents?!"


"Quoi? tu es fou?"


Il commence à marcher et je le suis en essayant de le dissuader, jusqu'à ce qu'il pousse une porte. Une arrière porte, de cuisine ou de service.
Jour 76

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