C’est la fête !
Nos libertés se rétrécissent
comme une peau de chagrin.
C’est la fête !
la misère envahit les rues.
C’est la fête !
Les entreprises privées
sont soutenues par les «Forces de l'Ordre»
pour briser une grève.
C’est la fête !
Les vacanciers
De moins en moins nombreux
Renâclent contre les files d’attente!
« C’est intolérable durant les vacances ! »
Question :
Comment sont nés les congés payés ?
1920 on y pense
1936 victoire du Front Populaire
Espoir des ouvriers
des grèves, des revendications
Pour le patronat, rien n’est possible :
« Augmenter les salaires ? c’est la faillite. »
Pour les ouvriers, rien n’a jamais été possible !
On commence à travailler à 5 ans et l’on en crève sans attendre.
L’exploitation est forcenée.
Luttes et grèves paralysent le pays
Le gouvernement est inquiet
Ouverture des négociations
accords de Matignon
création des congés payés
l’impossible est devenu réalité.
31 Juillet 1914
Assassinat de Jean Jaurès
il luttait pour empêcher la guerre en Europe
suite à l’attentat de Sarajevo*
Visionnaire ?
Il avait dit un jour à Joseph Paul-Boncour** :
« …croyez vous tout faire pour empêcher cette tuerie ?
(…) on nous tuera d’abord, on le regrettera peut-être après…»
1914 déclaration de la guerre
60 millions de soldats
environ 9 millions de morts, 20 millions de blessés…
Une grande fête !
1919 acquittement de Raoul Villain, l’assassin de Jaurès,
sa veuve est condamnée aux dépens !
En réaction, Anatole France écrit :
« Travailleurs, Jaurès a vécu pour vous, il est mort pour vous. Un verdict monstrueux proclame que son assassinat n’est pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui défendent votre cause. Travailleurs, veillez ! »
Oubli
Oubli
Oubli…
8 février 1962 Charonne manifestation contre l’OAS et
la guerre d’Algérie
Des manifestants
poursuivis par les forces de l’ordre
trouvent la mort
assassinés.
Répression.
Pouvoir musclé.
En 1968, de Gaulle disparaît de France quelques jours
On le cherche
Il s’est réfugié en Allemagne…
Il y prépare la riposte
Pendant ce temps
les blindés remontent de la province sur Paris
la répression est programmée.
Oubli !
La vie est lutte
L’oubli de l’histoire, c’est la mort du peuple.
C’est la fête !
Aujourd’hui
Les députés,
Chambre réduite,
le courage se lit au nombre de sièges vides,
se substituent aux historiens
Ils votent !
Respect des peuples
ou confiscation de la liberté d’expression ?
C’est la fête !
La France balaie dans la cour des autres
Et dans sa propre cour ?
Celle des puissants
En crosse ou en empereur ?
Jamais !
Oubli !
Regardons derrière nous :
Massacre des Indiens en Amérique
rien
Massacre des Cathares
rien
Massacre de la Saint Barthélemy
rien
Guerre d’Algérie, du Vietnam,
Rien, rien, rien, toujours rien
Rwanda
Darfour…
Rien, pas un mot, rien
La liste est longue.
Tout cela n’est que ponctuations télévisuelles
servies entre la poire et le fromage !
des apostrophes vites oubliées.
Tiens, parlons fromage :
« Un Président sort du Fouquet’s
pour aller se pavaner aux restos du cœur… »
c’est le début d’un conte de Noël...
Comme c’est beau la solidarité au pays des Bisounours !
Étrange qu’il y soit accueilli avec les honneurs !
Qu’en dirait Coluche ?
C’est la fête !
C’est la fête de l’oubli
L’avenir se racornit
Les eaux des océans deviennent acides
Les coraux se décolorent
Les poissons crèvent
Le pétrole fait les marées noires
L’uranium nourrit les cancers
On s’en fout !
C’est la fête !
Partout la mort suinte.
« L’amour est morte » disait Rutebeuf
Et l’avenir ?
On s’en fout !
C’est la fête !
Les banques font toujours du profit.
Et le peuple sait trinquer !
« À la vôtre. »
©Adamante
*Assassinat de l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois par les Serbes bosniaques
**directeur de cabinet de René Viviani, co-fondateur de l’Humanité avec Jean Jaurès, ancien ministre du travail au moment de la déclaration de guerre 14-18