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Tiens... Deux riens valent mieux qu'un tu l'auras

Publié le 04 mars 2008 par Laurent Matignon

Petit laid


Chapitre 28
« Vivre heureux »... C’est un concept que je n’avais plus abordé depuis quelques temps déjà. Oh, bien entendu, je n’ai jamais été de ceux qui gardent cette idée en tête dans tout ce qu’ils sont amenés à entreprendre... « Qu'est ce qui peut me rendre le plus heureux parmi les différentes possibilités qui s'offrent à moi ? ». Comme si le bonheur était mesurable... « Je suis plus heureux que toi, na na nèreuh... ». Et pourquoi pas : « ... parce que j’ai un autoradio RDS et que mon sexe est plus gros que le tien » ?
Cela dit, je sens bien que je suis dans une période de faiblesse relative. Alors, après tout, pourquoi ne pas crapahuter tel le péquin moyen ? Allez, un peu de courage, et prions pour qu’il n’y ait pas d’accoutumance – le crétinisme est-il une drogue plus qu’une maladie ?
« Qu'est-ce qui pourrait me rendre heureux ? »
Non. Quelque chose ne va pas. Ca me rappelle la « Dictée Magique » et sa voix suave et sensuelle : « la réponse est inexacte, essaie encore une fois ».
« Qu'est-ce qui PEUT me rendre heureux ? » C’est déjà mieux. Je viens d’apprendre à positiver. Et hop, 500 balles de psy économisés.
« Qu'est-ce que je vais bien pouvoir m'offrir avec ces 500 balles ? ». Oups. Non. J’apprends trop vite, je crois. La dernière fois que j’ai réalisé que j’apprenais trop vite, c’est quand je suis rentré directement en CM1 sans passer par la case pipi caca du CE2.
Et que le gros Tony m’a pété la gueule pour me souhaiter la bienvenue.
Deux... Ce chiffre m’a toujours mis mal à l’aise. Lui et moi, on ne s’aime pas. Alors que je file le parfait amour avec son collègue et ennemi, le Un. Un comme Premier. Un comme « il était une fois » et ces stupides contes qui ont bercé mon enfance. Un comme unique, et surtout pas comme uniforme. Un comme « toi et moi ne faisons qu’un ».
C’est là que ça coince.
Parce que, hormis durant le quart de seconde où le cerveau de l’homme est embrumé par les vapeurs orgasmiques, il me semble que le mâle et la femelle ne font jamais un. Et ne venez pas me parler de transsexuels et autres erreurs et horreurs biologiques dont même un Kouchner en grande forme ne voudrait pas – au fait, Bernard, tu as déjà essayé de te laisser pousser la moustache ? Je suis convaincu que ça t’irait à merveille.
Non, décidément, je n’aime pas le Deux. Il s’agit certainement du chiffre le plus hypocrite qui soit. Voyez comme « deux » n’est jamais bien loin de « moitié » (pour les non-matheux et autres appauvris de l’encéphale, rappelons qu’une moitié peut s’écrire ½... peut-être est-ce plus explicite ainsi). « Nous sommes deux ; voici ma moitié ». Comprenez : « voici celui/celle qui fait que je ne vis plus qu’à moitié ». Car on ne fait alors que ce qui plaît aux deux. Et même pire : ½ * ½ = ¼. Que ceux qui sont tentés de placer un signe « plus » en lieu et place du « multiplié » me filent 500 balles, le fameux tarif pour une séance de psychanalyse, leur cas n’est pas désespéré mais il faut agir vite : a-t-on déjà vu les passions de deux personnes bêtement s’additionner ? Il aime le hard / elle aime le classique. Il a un penchant pour le foot / elle ne jure que par le patinage artistique. Ou bien encore il la trompe avec sa voiture / elle le fait cocu avec ses romans « Harlequin ».
CQFD.
Oui mais voilà. (Ce n’est jamais bon signe d’associer ces trois mots. On sait déjà que ceux qui vont suivre ont oublié le chemin du cortex).
Oui mais voilà, donc, j’ai envie d’être heureux. Moi aussi. Après tout !

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