Il faudrait certainement traduire intégralement l'interview, mais je manque de courage (et de temps). J’en ai cependant extrait quelques citations qui m’ont particulièrement frappé. Le contexte manquera, mais cela donnera tout de même une idée.
Père Pierre considère que les monastères sont passés par une phase de grand enthousiasme et de renouveau extérieur au début des années 1990, mais la tradition monastique et spirituelle ayant été perdue pendant l’ère soviétique, les traditions anciennes du monachisme ont été réinterprétées (ou déformées) à l’ère nouvelle en raison de l’absence de pères spirituels.
— Les monastères ne remplissent pas aujourd’hui leur fonction pédagogique et spirituelle.
— Les monastères se sont transformés en «combinat» de services rituels pour le peuple de Dieu.
A propos de la pratique de certaines abbesses qui assistent aux confessions ou demandent aux prêtres de leur faire un compte-rendu des confessions de leurs moniales, et sur la nécessité ou non d’établir une règle pour tous les monastères :
— Il faut clairement indiquer dans la règle : Pas de divulgation des pensées (pratique monastique consistant à passer quotidiennement en revue ses pensées devant le père (ou la mère) spirituelle).
— L’higoumène doit être simplement une personne normale, convenable et honnête sur le plan moral. Et alors il sera possible d’y greffer le christianisme puis le monachisme.
— Malheureusement, la particularité la plus triste de nos monastères réside dans le fait qu’ici personne n’aide jamais personne en rien. Tu es seul.
— Celui qui humilie (en fait, néologisme russe pour : «celui qui éprouve l’humilité de quelqu’un») doit prendre conscience que la pratique de l’humiliation (en fait : de «éprouver l’humilité») n’a aucun rapport avec le christianisme.
— Il faut comprendre que dans les vœux monastiques, il n’y a aucune force magique, personne ne te lie — tu n’entres pas dans le servage.
A propos des «congés» des moines :
— dans le monachisme contemporain, il est nécessaire de permettre les sorties du monastère (pour se soigner ou se «destresser»).
Une expérience bien peu réjouissante. Et en conclusion, à la question
— Recommandez-vous à vos enfants spirituels d’aller au monastère ?
le Père Pierre, qui est très actif parmi la jeunesse, répond
— Non, de façon catégorique, aujourd’hui je ne recommande à personne d’aller au monastère.
Cela dit, on retrouvera les mêmes arguments dans la réponse faite par le P. Serge Rybko à une jeune fille désirant fuir sa famille pour entrer au couvent, où il précise qu'un des grands problèmes du monachisme d'aujourd'hui est l'absence totale de direction spirituelle («В числе их, например, полное отсутствие духовного руководства в современных монастырях»).s
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